Une déclaration du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (surnommé «MBS») publiée par le Washington Post le 22 mars et passée, semble-t-il, inaperçue dans les médias francophones, fait office d’aveu. En effet, le prince héritier saoudien a assuré que l’idéologie wahhabite avait été propagée au cours de la seconde moitié du XXe siècle par Riyad à la demande des alliés occidentaux du royaume, dans le but de contrer l’influence de l’Union soviétique dans les pays musulmans.
Interrogé sur la propagation du wahhabisme, idéologie islamiste rigoriste née en Arabie saoudite et parfois accusée par la presse et des responsables politiques en Occident d’être une source du terrorisme islamiste, le prince héritier a déclaré que les investissements saoudiens dans les mosquées et écoles islamiques à l’étranger trouvaient leur origine dans le contexte de la guerre froide. Le prince héritier a expliqué que, à cette époque, les alliés occidentaux de Riyad avaient demandé à l’Arabie saoudite d’utiliser ses ressources afin d’empêcher l’Union soviétique de «conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence».
Plus de deux décennies après la fin de la Guerre Froide, WikiLeaks publie plus de 60 000 documents diplomatiques saoudiens. Ces «câbles» mettent en lumière le système de prosélytisme et de promotion d’une lecture rigoriste de l’islam appliqué par le royaume wahhabite au niveau international. «Depuis des dizaines d’années, l’Arabie Saoudite injecte des milliards de pétrodollars dans des organisations islamiques à travers le monde, pratiquant une diplomatie du chéquier», révèle le journal américain New York Times, en juillet 2015, après avoir épluché tous les documents diplomatiques mis à jour par WikiLeaks.