« Dans l’épineux dossier des attentats de Paris et de ses ramifications en Belgique, on en apprend chaque jour un peu plus sur les différents protagonistes. L’un d’entre eux est indirectement et par la force des choses Mohamed Abdeslam. Il n’est autre que le frère de Brahim qui s’est fait sauter au café Voltaire et de Salah, qui est toujours l’homme le plus recherché d’Europe.
Au lendemain des attentats, il a été arrêté par la police à Molenbeek où il vit et où il travaille pour l’administration communale. Il a été très rapidement libéré par la juge d’instruction en charge du dossier qui ne l’a d’ailleurs inculpé pour quoi que ce soit. À ce stade, il se contente donc de faire la tournée des télévisions pour clamer son innocence et tenter de ramener son frère à la raison .
Le jeune homme présente bien, s’exprime calmement et posément et donne vraiment des gages de probité et de sincérité. Pourtant, comme ses frères, l’homme a un passé trouble.
Au moment de son arrestation et de la découverte de l’implication de ses frères, nous avions évoqué des dossiers liés à des stupéfiants et à des vols. Rien de bien grave en somme.
Sauf qu’aujourd’hui, nous apprenons que Mohamed ne s’est pas rendu coupable de vols anodins. En effet, son nom apparaît dans un dossier particulièrement odieux et sordide en 2005. Celui du gang des ambulanciers charognards.
Cette histoire a été révélée au grand jour un peu par hasard le 3 avril 2005. Ce jour-là, un homme fait une chute mortelle dans la cage d’ascenseur de son immeuble sous les yeux de son fils à Etterbeek. La chute est fatale.
Une société d’ambulances privées est appelée pour venir récupérer la dépouille et assurer son transfert vers l’institut médico-légal. En récupérant les effets personnels de la victime, la famille découvre que son GSM a disparu ainsi qu’une montre, des cartes de banque et son trousseau de clés. Dans la foulée, la moto de la victime a été volée.
Immédiatement, les policiers remontent la piste des ambulanciers. Et c’est une véritable filière de détrousseurs de cadavres qui est découverte. Sept ambulanciers sont rapidement arrêtés et placés sous les verrous par un juge d’instruction bruxellois. Ils ont avoué avoir dépouillé entre 20 et 30 cadavres. Tout y est passé. Effets personnels, bijoux, argent, objets en tous genres. Tout ce qui leur tombait sous la main était bon.
Mohamed Abdeslam faisait partie des inculpés et était en aveu. Il avait 18 ans. C’était son premier boulot. Lors des audiences devant le tribunal correctionnel de Bruxelles en 2010, il avait expliqué au juge : « Je suis un voleur, une crapule, un vautour. » Il avait cependant tenté de diluer sa responsabilité en indiquant que le système avait été mis en place bien avant son arrivée et que d’autres avaient bien plus profité que lui.
La justice a été relativement clémente avec ces charognards puisque Abdeslam n’a pris que deux ans avec sursis. Un sursis dont ont bénéficié tous les ambulanciers qui ont été reconnus coupables sur toute la ligne. Mohamed Abdeslam ne s’est pas présenté lors du prononcé du jugement. »