Trouvé sur Valeurs Actuelles : La récente polémique nourrie par le désir de l’Élysée de ne pas évoquer la “ victoire militaire ” de la France en novembre 1918 attise de nouveau les braises sur un pan de notre histoire. Cette guerre de tranchées des mémoires n’est pas neuve. D’aucuns se sont émus que l’on déshonore ainsi le sacrifice des poilus, d’autres que l’on cherche à mutiler l’histoire pour éviter de rendre hommage à l’un des huit Maréchaux de la Grande Guerre, Philippe Pétain.
On ne sait pas très bien ce qui a été réellement dit ou compris mais l’essentiel ne semble pas être là. Cette interprétation du 11 novembre s’inscrit, en réalité, dans un mouvement plus profond qui vise à effacer la guerre de notre horizon mental.
On ne devrait pas négliger ces lectures des sorties de guerre. Elles disent beaucoup de la façon dont une nation se pense. Déjà en 1918, l’Allemagne qui avait refusé l’idée même de défaite, n’ayant jamais vu l’ombre d’un uniforme français sur son sol et n’ayant jamais eu le sentiment que ses lignes de front avaient été enfoncées, accueillait en héros ses soldats revenus du front. Dans l’esprit de nombreux Allemands, la guerre n’avait pas cessé en ce 11 novembre, elle devait se poursuivre sous d’autres formes. Les Italiens dénonçaient, à la même époque, la “ victoire mutilée ”, frustrés de ne pas voir entendues leurs revendications sur les terres irrédentes. On connut aussi la suite.