Tribune libre :
« Dans un entretien à Femme actuelle, Marine Le Pen tient des propos peu amènes et difficilement compréhensibles envers sa nièce Marion Maréchal – seul député du Front national et personnalité la plus populaire du parti.
La présidente du FN a déjà fait comprendre que son Premier ministre ne sera pas forcément issu du FN.
Mais là, elle indique que Marion Maréchal-Le Pen ne sera très certainement pas ministre. On lui demande si c’est parce qu’elle est trop « inexpérimentée ». Et la candidate à la présidence de la République de répondre :
« Oui, probablement. Mais le simple fait qu’elle soit ma nièce, de toute façon, poserait un problème. »
On peut se demander quelle est l’utilité d’une pique de ce genre. Rabaisser les ténors de son parti en disant qu’ils ne sont pas en mesure de participer à un gouvernement faute d’expérience, alors qu’on souhaite gouverner le pays dans quelques mois, c’est plutôt se tirer une balle dans le pied…
D’ailleurs, il serait difficile de faire plus nul que ceux qui se succèdent aux divers ministères depuis des décennies, passant d’ailleurs parfois de l’un à l’autre. Quant au lien de famille, on ne voit pas en quoi il est gênant.
Marine répond aussi – à quelqu’un qui dit que l’entrée au gouvernement de sa nièce « pourrait être un frein pour certains » – qu’« elle est jeune, elle est assez raide, c’est vrai, un peu comme la jeunesse française qui se raidit. »
Là aussi, on ne comprend pas l’intérêt de tels propos. Par ailleurs les diverses études montrent que Marion Maréchal est plus populaire que sa tante en dehors du FN.
Il y a du coup une tentation de chercher des explications du côté de tensions, de rivalités, de peurs ou même de jalousies aux plus hauts degrés du parti.
Marine Le Pen ajoute enfin, en insistant, qu’elle « ne doi[t] rien à personne ».
La formule est pour le moins malheureuse, puisque la présidente du FN, doit des choses à ses électeurs (à défaut de Dieu, système démocratique oblige) ainsi qu’aux dizaines de milliers de militants qui ont sacrifié leur argent, leur situation sociale ou professionnelle, leur santé voire leur vie, pour que le parti avance (et pas forcément dans cette direction politique)…
Il faudrait aussi lui rappeler, en toute justice, qu’elle doit beaucoup à son propre père, qu’il l’a installée là où elle est maintenant, contre l’avis du parti à l’époque. A moins que son propos ne souffre d’une formulation maladroite, et dans ce cas une rectification se fera sûrement entendre prochainement… »
Henri Ménestrel