Ci-dessous une intéressante tribune libre (plus religieuse que politique) d’un de nos lecteurs, sur le fait que les évêques de France contestent le projet de parodie de mariage homosexuelle, sans jamais prononcer le nom de Dieu. Matière à réflexion.
« Une question hante depuis quelques semaines les catholiques français : les évêques de notre pays croient-ils encore au moins en l’existence de Dieu ? Si oui, comment expliquer qu’une bonne partie d’entre eux ne mentionnent même pas Son Nom dans leurs interventions contre la dénaturation du mariage programmée par le gouvernement socialiste ?
Il y a des exceptions, notamment le cardinal Barbarin. Mais on reste étonné de la tonalité très laïque de la plupart des interventions épiscopales : pour eux, comme pour les hommes politiques franc-maçons ou les instituteurs de l’école athée, le nom de Dieu semble devenu un gros mot, une obscénité, un blasphème (car notre très tolérante République française supporte difficilement le blasphème anti-laïcité).
On dira qu’il n’est pas nécessaire d’invoquer la loi de Dieu pour noter qu’un mariage a toujours été, en tout lieu et en tout temps, l’union d’un homme et d’une femme ; pour rappeler que l’homosexualité est stérile par nature ; pour affirmer qu’un enfant, conçu d’un père et d’une mère, a besoin des deux pour son éducation.
On ajoutera que, face à des Français largement déchristianisés, un langage laïcisé a plus de chances d’être efficace qu’un rappel de la Loi de Dieu.
C’est oublier trois choses.
— D’abord, à quoi sert un porte-parole qui ne transmet pas la pensée de son patron ? Un évêque est par définition une personnalité religieuse, représentant de Dieu. C’est en tant que tel qu’on l’interroge. L’avis particulier du citoyen André Vingt-Trois n’a absolument aucun intérêt. En refusant de se référer à la Loi de Dieu, en censurant jusqu’à Son Nom, les évêques délégitiment eux-mêmes leurs prises de position. Surtout, ils contribuent – et plus que quiconque – à cimenter l’athéisme social. Si même les représentants officiels de Dieu n’osent plus mentionner Son Nom, qui le fera ? Ce Nom sera nécessairement de plus en plus banni de l’espace public. Les chrétiens de plus en plus marginalisés, avant d’être physiquement persécutés. Car le terrorisme intellectuel se nourrit de l’autocensure. Et la meilleure façon de perdre sa liberté de parole, c’est de cesser d’en user.
— Ensuite, d’où vient le mariage ? Si c’est une institution d’origine purement humaine, pourquoi s’interdire de le modifier ? S’il n’est pas d’origine purement humaine, d’où vient-il ? On peut bien sûr, sans parler de Dieu, raisonner sur les besoins objectifs de la nature humaine, sur la loi naturelle, sur la complémentarité des sexes, sur le devoir moral d’assurer aux enfants une éducation équilibrée… Derrière tout ça, qu’on le veuille ou non, la question de fond est toujours de nature religieuse : L’homme peut-il, oui ou non, légiférer à sa guise en tout domaine ? Existe-t-il une loi supérieure, indépendante de toute volonté humaine ? Y a-t-il une transcendance ? Ce qui, pratiquement, pour l’homme de la rue, se résume dans la question concrète : y a-t-il un Dieu ? Bien sûr, il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour apercevoir l’absurdité du « mariage homosexuel » (= « cercle carré »). Bien sûr, des arguments rationnels, accessibles à tout homme de bonne volonté doivent être mis en circulation. Mais l’un n’empêche pas l’autre, et, comme dit l’Évangile, Il faut « faire ceci sans omettre cela ». (Mt, 23, 23). A des Français complètement déboussolés par le relativisme moral, empoisonnés par la fausse religion des « droits de l’homme », les évêques ne peuvent rendre de meilleur service que de prêcher, à temps et à contretemps, la Loi de Dieu, les dix commandements du Décalogue, qui résument la loi naturelle et s’imposent à tout homme. Qu’ils encouragent, certes, les philosophes, les psychologues, les sociologues et les anthropologues à défendre, chacun à sa manière, la nature du mariage. Qu’ils reprennent autant qu’ils veulent leurs arguments. Mais qu’ils n’omettent pas leur travail propre d’évêque, que personne ne peut faire à leur place, et qui est de rappeler avec autorité la Loi de Dieu. Et les conséquences de sa violation (l’enfer éternel, qui est devenu le plus tabou des tabous dans le langage ecclésiastique). S’ils abandonnent ce créneau, ils porteront devant Dieu la responsabilité de la défaite.
— Enfin, un évêque devrait prendre au sérieux l’invocation de l’Église : « Notre secours est »… non pas dans l’habilité humaine, ni dans la diplomatie, ni dans la politique, ni dans la communication, mais… « dans le Nom du Seigneur ». Tous les autres moyens sont bons et utiles, mais ne serviront de rien sans Dieu. Or si Dieu aide ceux qui l’invoquent, l’Évangile indique qu’Il repousse ceux qui rougissent de Lui devant les hommes (Mt 10), et le Psalmiste affirme : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que bâtit le maçon ».
Tout cela est évident… quand on croit en Dieu.
Seulement, les évêques français y croient-ils ?
La cardinal Vingt-Trois, après quelques déclarations provocatrices sur Vatican II (qui aurait produit, selon lui, des fruits, du dynamisme et de la fécondité !!!) a été beaucoup plus loin.
Selon le journal « La Croix », il a proféré une apostasie publique dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 30 septembre, en affirmant :
« Vous êtes ici dans une Église de liberté, où chacun peut penser ce qu’il veut. Mais à partir du moment où il respecte l’autre. » (source)
Affirmer qu’on peut, dans l’Église, penser ce qu’on veut, c’est nier toute la foi catholique (depuis l’existence de Dieu jusqu’au dernier article du Credo). On ne s’étonne plus que le cardinal Vingt-Trois fasse supprimer le nom de Dieu des discours épiscopaux. Il remplace la foi catholique par la doctrine maçonnique : « respecter l’autre ».
Jean le Flamand »