En effet, depuis plusieurs années maintenant, les indicateurs passent au rouge les uns après les autres: augmentation du nombre d’enfants présentant, très jeunes, des troubles du comportement et/ou de la communication, augmentation très forte du nombre d’enfants présentant, corrélativement, des difficultés de concentration et d’apprentissage.
Le phénomène est aussi visible dans les crèches que dans les écoles et lors des activités périscolaires. Le nombre de demandes pour inscrire les enfants en difficultés dans les dispositifs de soutien associant les familles, type PRE (Programme de Réussite Éducative), n’augmente pas: il explose.
Une génération d’enfants tout entière est en train d’être sacrifiée, laminée par une utilisation massive et anarchique des écrans de toutes sortes, et une génération de parents est désemparée devant ce phénomène, encore trop peu décrit et pour lequel les réponses, pourtant simples, manquent.
En effet, si les écrans ont des effets nocifs importants sur le développement cérébral, leurs effets, pour les enfants n’ayant aucun problème particulier d’apprentissage par ailleurs, disparaissent dans des délais assez courts, de l’ordre de quelques semaines, dès lors que les écrans sont supprimés et que l’enfant peut reprendre le cours normal de son développement, en jouant, en parlant avec les autres enfants et avec les adultes et en découvrant le monde qui l’entoure.
Si la simplicité de la réponse paraît déconcertante, c’est pourtant le plus grand défi de notre pays, comme de tous les pays développés, pour les 10 ans qui viennent.
Un défi en termes de santé publique, car les coûts associés au développement de ces troubles du comportement, qui peuvent ressembler à l’autisme, sont considérables (AVS à l’école, allocation enfant handicapé, services dédiés…)
Un défi de société, car les enfants qui n’auront pas pu terminer leur développement cérébral, empêchés par les écrans, verront leur capacité à recevoir une éducation, et donc à devenir pleinement citoyens, remise en cause.
Des observations sur le terrain prouvent qu’à 4 ans déjà, un enfant issu d’une famille d’un milieu moins favorisé a entendu 30 millions de mots de moins qu’un enfant issu d’une famille d’un milieu favorisé, ce qui entraîne des écarts importants puisqu’environ 500 mots parlés séparent déjà ces enfants à l’âge de 3 ans. Savoir exprimer ses émotions, ses besoins, c’est, dès le plus jeune âge s’inscrire dans la société comme futur citoyen, dans l’échange avec l’autre, prémisses à l’inclusion et à la réussite éducative et scolaire. Cet écart est encore renforcé par la présence des écrans dans la famille.
Source : Le Figaro