[En exclusivité pour Contre-info.] Par Laurent Glauzy.
La FIFA, Fédération internationale de football, a accordé au Qatar l’organisation de la Coupe du monde de football 2022. Il s’agit d’arrangements entre petits amis. L’hebdomadaire France Football quiaccuse sans concession : « Ils ont acheté le Mondial 2022 », évoque « une odeur de scandale qui oblige à se poser la seule question qui vaille : ce vote doit-il être annulé ? » Les lourds « soupçons de compromission » concernant le vote en faveur du Qatar sont étayés par les personnalités du monde du football qui ne supportent plus ce climat malsain.
Sa candidature était portée par un budget colossal de 33,75 millions d’euros… France Football explique : « La marge est étroite, presque invisible, entre collusions d’intérêts et corruption ». Platini, le patron de l’UEFA (Union européenne des associations de football), ému en diable, et qui avait dans un premier temps envisagé de donner sa voix aux Etats-Unis, proteste : « Croire que mon choix se serait porté sur le Qatar en échange d’arrangements entre l’Etat français et le Qatar n’est que pure spéculation ». Ben, voyons… Le 23 novembre 2010, une réunion secrète avait eu lieu au Palais de l’Elysée, une dizaine de jours avant le vote de la FIFA, entre le président de la République, Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamin bin Hamad al-Thani, et Michel Platini.
La « commission d’éthique » de la FIFA vient d’affirmer son « intention de mener une enquête approfondie » sur les « allégations concernant des événements survenus dans le cadre de la procédure d’attribution de la Coupe du monde ». Interdit de rire… Le monde du football est aussi entaché par l’esclavage. Cette réalité n’épargne pas la réputation si controversée de Michel Platini.
Alors que la Russie s’apprête à accueillir la coupe du monde de football en 2018, un joueur professionnel évoluant dans un club de première division de ce pays, a révélé en 2011 avoir été brutalisé par ses dirigeants. Nikola Nikezić est monténégrin. En 2007, il joua une fois avec le maillot de la sélection nationale du Monténégro. Aujourd’hui, ce joueur âgé de 31 ans tente d’oublier les blessures infligées par le FC Kouban de Krasnodar, ville située dans la région du Nord-Caucase, à 1 200 km au sud de Moscou. Bien que son contrat prenait échéance fin 2011, il dut quitter son club précipitamment : il affirme avoir été frappé à plusieurs reprises. Des rumeurs disent que les clubs russes traitent de plus en plus mal leurs joueurs. Nikezić a osé briser la loi du silence : il témoigne publiquement des brimades qu’il a reçues. En 2010, l’entraîneur-assistant l’a convoqué dans son bureau et le roua de coups. Son club voulait se débarrasser de lui sans verser d’indemnités de licenciement. Ses performances étaient médiocres : attaquant, il avait seulement inscrit quatre buts en trente-et-une rencontres. Plus tard, alors que les membres du club suivaient des stages d’entraînement en Turquie et en Espagne, il resta à Krasnodar pour courir quatre heures par jour dans la neige. « Il me semblait que j’étais un animal », relate Nikezić, « mais je n’ai jamais songé à abandonner ».
Le 5 mars 2011, il était assis en compagnie de l’entraîneur-assistant. La porte s’ouvrit et deux hommes entrèrent. Ils posèrent un document sur la table. Il s’agissait d’un contrat de dénonciation. Ils portaient des lunettes noires, des vestes en cuir et deux pistolets rangés dans des étuis. Ce qu’il se passa ensuite, Nikezić le décrivit dans une lettre adressée à Michel Platini, déjà Président de l’UEFA. Le jeune monténégrin fut passé à tabac et étranglé par les deux hommes qui manquèrent de l’estropier. Sans défense, Nikezić signa les documents mentionnant qu’il renonçait à la somme de 165 000 euros, comprenant notamment le reste de son salaire jusqu’à l’échéance du contrat. Dans le cas où il parlerait, ses tortionnaires le menacèrent de le retrouver ou de s’en prendre à sa famille. Le joueur ne se laissa pas impressionner. A l’aide de son portable, Nikezić prit des clichés de ses blessures et les transmit à un membre de la Fifpro, une organisation syndicale et internationale pour les joueurs professionnels. Il quitta ensuite Krasnodar. L’UEFA affirma qu’elle n’était pas compétente en la matière, car ce cas était du ressort de la FIFA et de la Fédération russe de football. En avril 2011, la commission d’éthique de la FIFA a condamné le FC Kouban de Krasnodar a un paiement somme toute modique de 45 000 euros au motif que le club ne respectait pas le code du travail. Il ne fut pas question des violences physiques. Dans ce même club, un autre joueur, le Serbe Sreten Sretenovic, dénonça avoir été victime des mêmes méthodes : étranglé pour résilier son contrat.
Theo van Seggelen, le secrétaire général de la Fifpro, affirme qu’il a connaissance de plusieurs faits semblables : « Il ne s’agit pas de centaines mais de milliers de cas. La crise financière et la corruption n’ont pas épargné le football russe, et de tels récits sont dans ce pays de plus en plus fréquents ».
Suren Mkrtschian, directeur général du club de Krasnodar, contesta les accusations de Nikezić. Devant les journalistes, il prétexta : « Nous sommes affligés par la réputation d’une Russie criminelle datant du siècle dernier ». Mais que l’on se rassure, le FC Kouban de Krasnodar n’est pas une formation raciste ou antisémite ; et c’est bien là l’essentiel. Le club a recruté trois perles noires du football africain : deux Ivoiriens et un Angolais ainsi que quelques Roumains et Portoricains. Quant à Nikola Nikezić, son expérience pourrait compléter de manière idéale le livre de Michael A. Hoffman, They Were White and They Were Slaves (Ils étaient blancs et ils étaient esclaves) (voir ici).
Laurent Glauzy
Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome II)
Laurent Glauzy est aussi l’auteur de :
Illuminati. « De l’industrie du Rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme ».
Karl Lueger, le maire rebelle de la Vienne impériale
Atlas de géopolitique révisée, tome I
Chine, l’empire de la barbarie
Extra-terrestres, les messagers du New-Age
Le mystère de la race des géants