Migrants à Paris: "La propagation de la gale est difficile à endiguer"

Depuis quelque temps, la gale se propage. Le docteur Mondane Berthault
fait le point pour L’Express.

Depuis combien de temps avez-vous constaté cette épidémie de gale?

Dr Mondane Berthault. La gale n’est pas un phénomène nouveau. C’est une
maladie ancienne qui existe en France depuis très longtemps. Elle se
déclenche dans des conditions de promiscuité donc il y a souvent des
épidémies dans les hôpitaux, les maisons de retraite ou les centres de
vacances.

Devant le camp, les migrants ont très peu d’endroits pour s’installer, donc
les conditions sont réunies pour qu’elle se développe. Avec MSF, nous
observons la propagation de la gale depuis que l’on a débuté nos
consultations autour du centre, en décembre dernier. Sur 1300
consultations, nous avons décompté 134 cas.

Quels sont les symptômes et le mode de transmission de cette maladie?

Dr Mondane Berthault. La gale est une infection cutanée provoquée par un
petit parasite. Elle se manifeste par des démangeaisons généralisées très
invalidantes qui se trouvent en particulier entre les doigts, au niveau des
aisselles, des pieds. Des désagréments souvent plus importants le soir. Le
risque majeur est de provoquer des infections à force de gratter.

Elle ne s’attrape pas en serrant la main de quelqu’un. Il faut un contact
très rapproché comme par exemple quand on partage la même literie. C’est le cas des personnes qui partagent les couvertures, les matelas, les sacs de
couchage. Le fait de vivre vraiment rapproché favorise la prolifération.

Comment soigner la gale quand on vit dans la rue?

Dr Mondane Berthault. Le traitement se fait en deux parties. Tout d’abord,
il faut traiter le patient avec des comprimés qui doivent être pris en deux
fois, à huit jours d’intervalle. Ensuite, il faut éradiquer le parasite
dans le linge, les draps, les sacs de couchage, le matelas, les vêtements.
C’est évidemment la partie la plus compliquée quand on dort dans la rue. La
gale est déjà une maladie compliquée à traiter dans de bonnes conditions
d’hygiène alors quand on est dans la rue, c’est très difficile.

Nous distribuons des spray à vaporiser sur leurs affaires. Mais cela
nécessite de ne pas les toucher pendant un certain temps. Or, certains
migrants ne possèdent que les vêtements qu’ils portent sur eux. Nous les
orientons vers les associations pour qu’ils obtiennent une tenue de
rechange. Il est aussi recommandé de laver ses affaires à 60 degrés. Dans
le camp, il y a des machines à laver et des sèche-linge. Dans les cas de
gale, les organisateurs acceptent que les migrants qui dorment dans la rue
apportent leur linge.

Début mai, la police a évacué des migrants installés autour du centre.
Comment cela se passe aujourd’hui?

Dr Mondane Berthault. L’ouverture de ce camp avait pour but d’empêcher que les personnes ne dorment dehors. Cependant, il y énormément d’arrivées tous les jours donc ils n’ont pas suffisamment de place. Il y a un mois, la mairie de Paris a envoyé des bus afin de rediriger les personnes vers des solutions d’hébergement.

Depuis, les migrants continuent d’arriver et il existe une pression
policière assez forte. Des patients nous rapportent que les policiers leur
projettent du gaz lacrymogène afin de les disperser. Ils ont du mal à
s’installer quelque part pour dormir car ils sont régulièrement délogés.
Certains sont contraints de se déplacer plusieurs fois par nuit.

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1 commentaire concernant l'article “Migrants à Paris: "La propagation de la gale est difficile à endiguer"”

  1. La gale n’est que le début, nous allons bientôt retrouver ces vielles maladies qui avaient disparut comme la peste, la lèpre, il va aussi y avoir une augmentation du virus du sida et autres hépatites, la syphilis, et autres MST

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