Christophe Girard qui a été maire-adjoint à la culture jusqu’à juillet 2020, c’est-à-dire reconduit dans ses fonctions après les dernières élections municipales de juin, est accusé de viol sur mineur. Cela fait suite à la polémique concernant sa relation avec le pédomane Matzneff.
Rappelons brièvement les faits.
Fin 2019, l’écrivain Gabriel Matzneff a été convaincu publiquement de pédophilie à la suite du livre d’une de ses anciennes victimes. Le livre révélait ce que le tout Paris savait déjà, mais, cette fois-ci, l’opprobre frappa l’écrivain (partiellement toutefois : insistant sur sa prédation envers les adolescentes et pré-adolescentes, mais pas sur ses crimes envers des garçonnets) et cela allait éclabousser six mois plus tard l’un de ses meilleurs amis, Christophe Girard, maire-adjoint d’Anne Hidalgo.
Girard, plutôt que d’assumer la réalité prétendit que Matzneff n’était pas son ami, qu’ils ne se connaissaient que très peu et cette version a été celle que Hidalgo retint puisqu’elle n’a pas hésité à reconduire Girard dans ses fonctions après les dernières municipales du printemps dernier.
Cependant, en juillet dernier, de nouvelles informations accablantes pour Girard ont été révélées.
Non seulement les liens qu’il entretenait avec Matzneff étaient étroits – Girard est donc un fieffé menteur -, mais de surcroît il a été prouvé que les deux compères mangeaient régulièrement au restaurant, et cerise sur le gâteau, la note était payée par la mairie de Paris.
Cela valut des manifestations de personnes indignées, certaines allant jusqu’à traiter la mairie de Paris de « Pédoland » ! Devant le scandale qui couvait, Girard s’est senti obligé de suspendre lui-même ses fonctions afin d’apaiser la situation. Néanmoins, comme le montrent ce tweet du 23 juillet :
et cette vidéo du 28 juillet 2020, il gardait tout le soutien de la maire de Paris, et même du Préfet de police (celui qui réprimait violemment les Gilets jaunes, en les blessant), ce dernier ignorant apparemment qu’en tant que haut fonctionnaire, il est tenu par un devoir de réserve ! Mais quand il s’agit de passer la brosse à reluire devant les puissants, ce préfet semble perdre toute dignité, disant « recevoir des leçons de vie » de la part de Girard !
Cependant, aujourd’hui, la situation a changé puisque c’est Girard lui-même qui est accusé d’être pédophile et d’avoir violé un adolescent.
En effet, le parquet vient d’ouvrir une enquête pour viol à la suite des révélations d’un certain Aniss Hmaïd. Ce dernier dit avoir été entraîné par Christophe Girard, après leur rencontre en Tunisie à l’été 1989, quand il avait 15 ans, dans une relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé « des blessures psychologiques durables ». Selon Aniss Hmaïd, Christophe Girard l’a agressé sexuellement une première fois à 16 ans, lors d’un voyage aux États-Unis, et l’a contraint à des rapports sexuels une vingtaine de fois au cours des années suivantes. En échange, Aniss Hmaïd assure que Christophe Girard l’employait parfois comme domestique dans sa résidence d’été dans le sud de la France et « lui obtenait des emplois temporaires au sein de la maison Yves Saint Laurent » (tiens, on retrouve ici la trace de Pierre Bergé), dont il était l’un des principaux dirigeants avant d’entrer en politique. Si les accusations de viol sont démenties par Girard qui dit avoir porté plainte pour « dénonciation calomnieuse », on aimerait plutôt qu’il nous explique pourquoi il amenait un ado tunisien en vacances aux Etats-Unis, pourquoi il l’employait dans sa résidence, pourquoi il lui trouvait du travail chez Yves Saint Laurent…
On notera du reste que l’avocate de Girard ne dément pas formellement les accusations d’Hmaïd, mais se tient à une défense purement juridique car, selon elle, les faits seraient prescrits. Elle ne dément donc pas le fond, même s’il est incontestable que les faits reprochés sont un peu anciens, encore que les derniers semblent avoir moins de vingt ans.
On notera enfin des changements concernant la mairie de Paris, Anne Hidalgo semblant prendre ses distances avec celui qui était son maire-adjoint il y a encore un mois. Dans une série de tweets, elle dit soutenir toutes les victimes de viol. Ceci est un peu tardif…
En tant que Maire de Paris et militante féministe pour l’égalité des droits, je réaffirme mon soutien indéfectible à toutes les victimes de viols et d’agressions sexuelles et serai toujours à leur côté. 2/3
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) August 18, 2020
Enfin, remarquons que c’est par la presse étrangère que ce scandale éclate (via le New York Times), et certainement pas par le monde médiatique français…