Le gouvernement grec fait face à un énorme scandale depuis hier après des révélations du chef de cabinet du premier ministre, Antonis Samaras, selon lesquelles les arrestations et procès visant le parti nationaliste Aube Dorée a été monté intégralement par Samaras en personne.
Des dirigeants de l’Aube Dorée sont sous le coup d’un vaste procès pour “participation à une organisation terroriste”. Le gouvernement Samaras ayant, sur demande du Congrès juif Mondial, décidé de frapper le mouvement nationaliste grec.
Cette thèse vient de s’effondrer après la diffusion d’une vidéo dans laquelle le chef de cabinet du premier ministre grec, Panos Baltakos, donne son témoignage sur le rôle joué par le chef du gouvernement et le ministre de la Justice dans un coup monté contre l’Aube Dorée. Après la diffusion du document vidéo à la presse, Baltakos a donné sa démission.
Ces révélations tombent on ne peut plus mal pour le pouvoir. Le jour même de ces révélations, le gouvernement de Samaras avait en effet demandé la levée de l’immunité parlementaire de cinq autres députés de l’Aube Dorée encore libres afin de les associer aux accusations formulées jusqu’à présent contre le parti. Et ainsi neutraliser ces représentants du peuple grec.
Sans surprise, la presse française évoque l’affaire sous un angle biaisé. Ainsi Le Monde titre-t-il : “Grèce : le bras droit de Samaras soupçonné de collusion avec Aube dorée“. Ce n’est bien sûr pas ce qui créé un véritable scandale en Grèce, mais bien les révélations de Baltakos sur “l’inexistence de preuves” contre les députés arrêtés et le complot d’état orchestré par Samaras. Dans l’article du Monde, pas une ligne sur Samaras qui est pourtant au coeur de la vidéo.
Transcription de l’échange
La vidéo ci-jointe est le document délivré à la presse. L’ancien candidat de l’Aube Dorée aux élections municipales d’Athènes et désormais chef du service de presse du parti, Ilias Kasidiaris, y discute avec le ministre des Affaires Etrangères Panos Baltakos.
Ilias Kasidiaris : Tout d’abord, comment a réagi Samaras (le premier ministre grec, NDLR) quand je suis sorti de prison ?
Panos Baltakos : Il était aux USA à ce moment là.
Kasidiaris : Oui il était aux USA mais j’ai entendu dire qu’il est devenu fou de rage.
Baltakos : Il était choqué. Un bordel pas possible. Il ne m’a pas appelé. Je lui ai dit que ce qu’il était en train de faire… Je lui avais dit. Mais il ne voulait pas m’en parler. Il a appelé les deux autres et les a “baisé”. Athanasiou (ministre de la Justice d’alors, NDLR) et Dendias (ministre de la Sécurité Intérieure d’alors, NDLR). Il leur a dit : “Vous m’avez ridiculisé, c’est une blague ou quoi ?”. Parce que le jour précédent, il avait annoncé à la Convention du Congrès juif Mondial : “C’est fini, je les ai arrêté (les membres d’Aube Dorée), au revoir !” et le jour d’après tu étais relâché.
Kasidiaris : Que s’est-il passé avec les enquêteurs qui nous ont laissé sortir ? Parce qu’ils ont changé d’avis après nous avoir relâché, avant qu’on avertisse les autres.
Baltakos : Ils vous ont laissé partir pour une raison simple : il n’y avait aucune preuve.
Kasidiaris : Oui il n’y avait rien.
Baltakos : Et personne n’a mis la pression sur eux parce qu’ils pensaient tous que ça se passerait en douceur. Ils se disaient “Bon, de toute façon qu’est-ce que les enquêteurs feront d’autre ?”. Mais les enquêteurs n’avaient aucune preuve. Aucune.
Kasidiaris : Mais il (Samaras) n’avait pas de preuves non plus contre les autres.
Baltakos : Non parce que pour eux c’était juste une histoire de coup de téléphone.
Kasidiaris : Qui a fait ces dégâts là-bas ?
Baltakos : Ces deux-là.
Kasidiaris : Athanasiou et Dendias ?
Baltakos : Qui d’autre ?
Kasidiaris : Et que dit Samaras de ces choses ? Est-il conscient de ce qui se passe ?
Baltakos : Non. Au début il ne s’est pas rendu compte. Mais maintenant qu’il voit les sondages d’opinion… Comme le bourgeois qu’il est, il devine que des choses terribles vont se passer. Il m’a dit : “L’Aube Dorée tombera à 2%. Je lui ai dit : “Ils monteront à 20%”. “Tu es un branleur” m’a-t-il répondu.
Kasidiaris : Qui lui a demandé (à Samaras) de faire tout ça ?
Baltakos : D’abord, il a peur pour lui même. Vous lui infligez des coups et Syriza (extrême-gauche) prend la tête.
Kasidiaris : On lui prend des votes, OK.
Baltakos : C’est logique.
Kasidiaris : Et parce qu’on lui prend des voix, il nous met en prison ?
Baltakos : Fils de pute… Un truc incroyable…
Kasidiaris : Et Goutzamani, les choses qu’elle a faite, j’ai des informations comme quoi elle serait totalement à droite.
Baltakos fait le signe de croix.
Kasidiaris : Elle est si croyante.
Baltakos : Oui !
Kasidiaris : Comment a-t-elle pu faire toutes ces abominations avec Vourliotis (Procureur général de la Cour Suprême grecque) et venir avec ces allégations ?
Baltakos : Ils l’ont convaincue que les membres d’Aube Dorée sont des païens, des idolâtres, des nazis, opposés au Christianisme.
Kasidiaris : Qui l’a convaincue de ces choses ?
Baltakos : Athanasiou et Dendias.
Kasidiaris : Vous allez chez le procureur et vous lui dites qui a monté tout ce plan, qu’Athanasiou a donné des ordres à Goutzamani, que Samaras donne des ordres à Athanasiou et ils vont tous au tribunal. Si vous êtes un homme juste, c’est ce que vous devriez faire.
Baltakos : Si je faisais ça, il y aurait une enquête préliminaire qui durerait une heure et demi et qui serait enterrée.
Kasidiaris : Vous pensez ?
Baltakos : Evidemment ! Je ferais ça avec Samaras au pouvoir ? Chez quel procureur irais-je ? Goutzamani est le procureur. Je vais dénoncer Goutzamani à elle-même ?
Kasidiaris : Comment Goutzamani est-elle devenue procureur de la Cour Suprême ?
Baltakos : Parce qu’elle est du même village.
Kasidiaris : Donc maintenant, elle renvoie l’ascenseur ?
Baltakos : Oui, elle est du même village. Bon d’accord, pas du même village, mais d’un village voisin. Ils ont été dans les mêmes compétitions, ils ont le même âge. Ce sont des amis, il n’y a rien d’autre à chercher que ça.