Tribune libre de l’essayiste Olivier Piacentini (ses livres ici).
« Patrick Drahi, vous connaissez ?
C’est le patron du groupe Altice, qui chapeaute les sociétés Numéricâble, SFR, mais aussi BFM TV et RMC…
Il avait déjà profité à plein de la bienveillance de Macron, qui l’avait autorisé à racheter SFR en 2014, quand il était ministre de l’économie, alors que son prédécesseur, Montebourg, s’y opposait, arguant de la fragilité du groupe et de la moralité douteuse de son dirigeant…
Drahi s’est donc retrouvé patron de SFR, par la grâce de Macron, et ce bien qu’il ne disposait pas des fonds propres pour acquérir le téléphoniste. C’est par le recours massif au crédit que Drahi a acquis SFR, et pour rembourser, il a trouvé une astuce fort simple : 6500 licenciements chez SFR, deux ans après son rachat, pour se donner les moyens de payer les banques… Astucieux, non ? Drahi n’est jamais à cours d’idée pour faire payer aux autres, salariés, Unedic, les conséquence de sa gestion…
Aujourd’hui, Drahi refait parler de lui, en profitant honteusement de la situation sanitaire et économique gravissime de notre pays.
Selon les syndicats, 60% des 9000 salariés Français du groupe vont être mis au chômage partiel.
Pour quel motif ? Le groupe Altice opère dans la téléphonie et les médias : son activité ne sera pas des plus impactée par la crise sanitaire, loin de là. C’est pourtant lui qui profitera à plein des aides exceptionnelles de l’État, qui très probablement, ne refusera pas un nouveau coup de main à un ami du Président.
Il faut dire que Drahi en a bien besoin, d’un nouveau coup de pouce : Altice est surendettée (46 milliards d’euros en 2018 entre dettes financière, auprès des fournisseurs et des organismes), cumule des pertes colossales, plus de 300 millions d’euros depuis 5 ans.
Si ce n’était pas Drahi, mais un entrepreneur lambda qui alignerait de tels chiffres, il serait depuis longtemps assigné devant les tribunaux, pour banqueroute… Altice, c’est un monstre construit sur de la dette, sans aucune solidité financière, appelé à s’écrouler d’un jour à l’autre. Ce qui gênerait bien Macron : outre l’impact au niveau de l’emploi, il ne retrouvera pas de sitôt un organe de propagande aussi zélé et écouté que BFMTV-RMC… Alors, il faudra que vous, moi, tous les contribuables, y allions de notre obole fiscale pour renflouer l’ami du pouvoir en détresse. En sachant que tout cela se fera bien sûr, au détriment de petites entreprises, artisans, commerçants, agriculteurs, qu’on ne pourra aider, pour avoir préféré allouer les fonds à un groupe de toute façon perdu d’avance… Y aura-t-il des sanctions prévues contre les traîtres, qui abusent éhontément du malheur de la France ? Drahi serait le premier à mériter un châtiment exemplaire, mais pour cela, il faudra surement changer de président… »