A défaut de donner le droit de vote aux étrangers pour les élections locales -les Français y sont trop hostiles-, le ministre de l’Intérieur, le camarade Valls, suggère de faciliter les naturalisations. Ou comment fabriquer artificiellement des Français et, de manière déguisée, accorder aux étrangers le droit de vote à toutes les élections.
Pour Monsieur Valls, l’acquisition de la nationalité semble n’être qu’une démarche administrative. Il préfère, dit-il, une France « terre d’accueil » à une France « qui regarde le monde avec méfiance« . Les poncifs habituels. On appréciera la rhétorique éculée du ministre de l’intérieur. En attendant, celui-ci a cru bon de souligner que l’étranger qui postulait à la nationalité française devait souscrire aux valeurs républicaines, telles que la liberté, l’égalité, la fraternité ou encore la laïcité. Dans le même temps, il annulait les questionnaires à choix multiples, concernant l’histoire et la culture française, et à la réussite duquel était suspendue l’obtention de la naturalisation…En effet, selon Manuel Valls, « on ne devient pas français en répondant à un QCM« .
Il reste que la nationalité française ne peut pas davantage se réduire à une adhésion intellectuelle à des valeurs abstraites. La France, effectivement, n’est ni une idée, ni une abstraction. Nous ne nions pas l’existence des valeurs universelles, dont le christianisme, en pénétrant jusqu’à notre tissu social, a d’ailleurs su être le vecteur. De telles valeurs ne sauraient dire cependant, puisqu’elles ont une portée universelle, ce qu’est singulièrement la France. L’ordre métaphysique, celui des valeurs supérieures, est distinct, en effet, de l’ordre temporel, celui de la cité terrestre : aussi les valeurs universelles s’incarnent-elles dans la trame du temps et de l’histoire, pour revêtir un visage singulier auquel les hommes d’une époque et d’un pays peuvent se rattacher.
En définitive, Monsieur le ministre, la nationalité n’est pas un « contrat », comme le suggèrent les théories des Lumières : elle est d’abord un héritage. Car les hommes sont rattachés à la planète par leur appartenance à des communautés naturelles, principalement la famille et la nation, à travers lesquelles ils sont constitués débiteurs. Ce qui façonne ce que nous sommes, c’est aussi l’ensemble de ces liens -familiaux, culturels, spirituels…-, tissés par l’histoire, et dont chacun est tributaire à sa naissance. Nier cette réalité, nier que l’homme est d’abord et avant tout dépositaire, c’est en effet le placer en rapport de propriété avec les communautés qui l’entourent -la famille et la patrie-, et permettre ainsi que celles-ci soient soumises à toutes les expérimentations possibles. Pour le plus grand tort de l’équilibre humain.
Jean de Rouen