Mondialiste acharnée et second couteau de Macron, Sylvie Goulard a d’abord été nommée ministre de la Défense avant d’être débarquée pour une affaire d’emploi fictif. Elle reçoit en lot de consolation le poste de second sous-gouverneur de la Banque de France. Fin août dernier, elle est à nouveau récompensée de sa fidélité par une nomination comme commissaire européen. Libération pose une question intéressante, qu’a-t-elle fait pour être payée 12 000 € par mois par un think tank américain pendant deux ans ?
Trouvé sur Libération : « Mais à l’époque déjà, un autre point noir était venu assombrir l’avenir plutôt prometteur de cette élue centriste: son poste de special advisor («conseillère spéciale») au sein de l’Institut Berggruen, entre octobre 2013 et fin 2015. Une fonction rémunérée, selon ses déclarations d’intérêts financiers figurant sur le site du Parlement européen, «plus de 10 000 euros bruts» par mois.
La somme précise se situerait en réalité entre 12 000 et 13 000 euros par mois, selon sa déclaration d’intérêts de 2014 à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), supprimée depuis mais archivée par le site Regards citoyens. Pour les trois derniers mois de 2013, elle renseignait ainsi une rémunération de 36 047 euros, soit 12 000 euros par mois. Et pour le seul mois de janvier 2014 (la déclaration est datée du 1er février 2014), un montant de 13 000 euros. Soit, sur l’ensemble des 27 mois au sein de l’institut, une somme totale comprise entre 324 000 à 350 000 euros.
«Il s’agit d’un think tank américain, qui ne dégage aucun profit, et qui pratique effectivement des rémunérations à des niveaux comparables à ceux des cabinets d’avocats américains», se défendait Sylvie Goulard auprès de Mediapart en 2014. Une gratification, quoi qu’il en soit, bien supérieure à sa rémunération comme députée à l’Assemblée de Strasbourg (8 700 euros mensuels).
Elle déclarait par ailleurs 2 990 euros sur 2013 pour une conférence donnée au development Institute.
Installé à Los Angeles, Berggruen est un think tank fondé en 2010 par Nicolas Berggruen, un milliardaire américano-allemand ayant fait fortune dans la finance et l’immobilier, à la tête d’une fortune de 1,8 milliard d’euros et qualifié de «financier vautour par défaut» par le magazine Forbes.
Réunissant, entre autres, des politiques et économistes de renom, il a pour objectif de produire «des idées pour un monde qui change», de «remodeler les institutions politiques et sociales face à [aux] grandes transformations» du capitalisme et de la démocratie.
L’institut abrite également depuis septembre 2011 un «concil for the future of Europe» (conseil pour l’avenir de l’Europe), réunissant des noms prestigieux comme Jacques Delors, Tony Blair, Mario Monti, Alain Minc, Jean Pisani-Ferry ou encore Pascal Lamy. C’est au sein de ce conseil que Sylvie Goulard était embauchée, avec le titre de «conseillère spéciale».
Quelle était la réalité de cet emploi à quelque 12 000 euros bruts par mois? Sollicité par CheckNews, l’Institut Berggruen n’a pas répondu à nos questions. A l’AFP, il explique que «pendant la durée de son contrat, Sylvie a participé à l’organisation de conférences à Paris et Madrid, d’une table ronde à Bruxelles et de plusieurs autres réunions, en plus de préparer des documents d’information».
Interrogé mercredi par CheckNews, l’entourage de Sylvie Goulard parle, elle aussi, de la rédaction de «rapports» et de «notes de travail». Sans pour autant être en mesure, par la suite, de communiquer lesdits documents ni même les liens internet permettant de les consulter.
Une rapide recherche sur le site de l’institut permet cependant de faire ressortir trois occurrences avec le mot-clé «Goulard». Deux de ces trois résultats montrent qu’elle a bien participé à deux rencontres à Paris et Madrid, appelés «town hall». Sauf qu’une seule de ces deux rencontres, à Madrid en février 2014, s’est déroulée alors qu’elle était sous contrat avec l’institut. L’autre rencontre, à Paris, s’est tenue en mai 2013, soit quatre mois avant son embauche.
La troisième – et dernière – occurrence fait état d’une participation à une réunion à Bruxelles, consacrée aux questions économiques et fiscales, en décembre 2014. Un lien (mort) est censé renvoyer vers un document qu’elle a corédigé avec Mario Monti, président du conseil pour l’avenir de l’Europe.
Ce texte peut néanmoins être retrouvé via le site du Canard républicain. Titré «Fiscal Discipline and Public Investment in Europe» (Discipline fiscale et investissement public en Europe) et effectivement cosigné par Mario Monti et Sylvie Goulard, le texte fait 15 pages (13 sans l’annexe).
Une recherche plus large sur Internet associant «Sylvie Goulard» et «Berggruen» fait ressortir un deuxième document: POPULISM vs. THE INTERESTS OF THE PEOPLE (le populisme contre les intérêts du peuple). Lui aussi fait 13 pages. Mais l’auteur cette fois-ci est un dénommé Pierpaolo Barbieri. Sylvie Goulard n’apparaît que comme l’une des trois «contributing editors», aux côtés de Mario Monti et de Dawn Nakagawa.
Sauf rapports ou documents de travail non publiés sur le Web, le travail rédactionnel de Sylvie Goulard pour l’Institut Berggruen se limiterait donc, sur vingt-sept mois, à la corédaction de deux notes d’une quinzaine de pages chacune. Et, selon la direction de l’Institut Berggruen, «à la participation à l’organisation» – d’un town hall à Madrid, «d’une table ronde à Bruxelles et de plusieurs autres réunions». Le tout, donc, pour quelque 324 000 à 350 000 euros sur la période concernée. »