Médiapart dévoile ce mardi qu’un ancien garde du corps d’Emmanuel Macron a obtenu, pour le compte d’une société de sécurité, APS Sud, un contrat de plus de 260 000 €, « sans appels d’offres ni mise en concurrence », auprès de l’université Paul-Valéry à Montpellier.
L’entreprise APS Sud a facturé pour plus de 260 000 € des missions de sécurité à l’université Paul-Valéry de Montpellier, révèlent nos confrères de Mediapart ce mardi. « Un ancien garde du corps de Macron travaille dans cette entreprise, dont le devis a été transmis à la direction de l’université par une responsable de LREM », rapporte le site d’information et d’ajouter : « APS Sud a obtenu le marché sans appel d’offres ni mise en concurrence, alors qu’une autre entreprise était déjà sous contrat avec l’université ».
Au mois d’avril 2018, la présidence de la faculté demande la multiplication des postes d’agents de sécurité sur le campus de l’université Paul-Valéry, « dans un contexte de forte tension sociale ». C’est là que l’entreprise APS Sud entame sa mission, le 13 avril, alors que Prosegur, le prestataire habituel de l’université, est déjà en contrat.
Moustapha Bouzbiba, le patron d’APS, prend connaissance des besoins de l’université montpelliéraine et contacte Kader Rahmouni, l’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron. Un homme qui s’est « beaucoup impliqué » durant la campagne électorale du chef de l’État, explique M. Bouzbiba à Mediapart.
Il était notamment « en compagnie d’Alexandre Benalla, lors du déplacement du candidat En Marche ! sur le site de l’usine Whirlpool, en Picardie, dans l’entre-deux-tours », précise le site d’information. Après la présidentielle, Kader Rahmouni a également travaillé pour la député LREM de la 3e circonscription de l’Hérault, Coralie Dubost.
« Pourquoi le devis est-il passé par une représentante LREM ? »
Le premier devis d’APS Sud a été transmis à la direction de l’université par une représentante du parti présidentiel, Charlyne Péculier, référente pour la région Occitanie des Jeunes avec Macron et collaboratrice de la députée, Coralie Dubost. « Pourquoi le devis est-il passé par une représentante du parti présidentiel ? », interrogent les journalistes Antton Rouget et Matthieu Suc de Mediapart à Patrick Gili, président de la faculté Paul-Valéry. Ce dernier ne répond pas à la question mais se contente d’expliquer qu’APS Sud a été « sélectionnée » pour ses compétences et parce qu’elle était en capacité de répondre « aux besoins de renforts exceptionnels ».
« Sur le terrain, Kader Rahmouni est le ‘chef de site’ d’APS Sud. C’est lui qui coordonne, en lien avec la présidence de l’université, les équipes de sécurité, dont un maître-chien », révèlent les journalistes de Mediapart. L’ancien garde du corps d’Emmanuel Macron aurait été signalé par un responsable de la sécurité de la fac, s’inquiétant « de son manque de professionnalisme et de son attitude qui pourrait être assimilée par des grévistes à de la provocation ».
La première mission d’APS Sud, du 13 au 17 avril 2018, a été facturée 17 300 €, selon les informations de Mediapart. « Une première d’une longue série » puisque l’entreprise aurait touché plus de 260 000 € depuis qu’elle a été recrutée par l’université de Montpellier 3. Un montant que l’établissement n’a pas voulu confirmer. Exemple : « le 22 mai, le paiement d’une facture de 45 300,48 € a provoqué quelques sueurs froides » au sein de l’administration.
Toujours selon les informations de Mediapart, le président de la faculté « n’a une délégation de signature que pour les prestations inférieures à 40 000 €. Ce seuil passe à 500 000 € pour les dépenses relevant des marchés publics ». Cependant, les prestations de l’entreprise APS n’ont fait l’objet d’aucun marché. Pour cela, le président a déclaré l’université en « situation d’urgence impérieuse ».
Source : Ouest France