Éditorial du Rivarol de cette semaine par Jérôme Bourbon :
« Les jeux semblent faits. Sauf énorme surprise François Hollande sera le prochain président de la République française de sorte que la gauche concentrera tous les pouvoirs, tant au niveau national que local : l’Elysée, Matignon, le Sénat, le Palais-Bourbon (après les législatives de juin), la plupart des régions, des départements et des grandes villes, sans même parler de sa domination quasiment absolue dans les media, le monde syndical, culturel et associatif. Alors que Nicolas Sarkozy semblait avoir comblé une partie de son retard sur son concurrent socialiste, voilà qu’il paraît dévisser dans les dernières enquêtes d’opinion, l’ex-concubin de Ségolène Royal arrivant devant le chef de l’Etat sortant, le plus souvent dès le premier tour (selon le dernier sondage CSA Hollande serait à 29 % et Sarkozy à 24 % !) et de plus en plus largement au second où le différentiel entre les deux hommes serait de 10 à 16 points, alors qu’il s’était réduit à 6 au cours de la campagne. Certes, il ne s’agit là que de sondages et l’opinion peut encore fluctuer d’ici dimanche (un quart des personnes interrogées précisent qu’elles peuvent encore changer d’avis) d’autant que nous ne savons pas quel sera le taux d’abstention qui pourrait être élevé (le précédent record date du 21 avril 2002 avec 28,4 %, ce qui avait permis l’accession de Jean-Marie Le Pen en finale de la présidentielle) compte tenu des vacances scolaires qui concernent les trois zones et du manque d’attrait des dix candidats en lice.
Néanmoins le président semble bel et bien pâtir du recentrage de sa campagne où, ces dernières semaines et contrairement à ce qu’il avait fait auparavant, il a davantage cherché à séduire l’électorat de François Bayrou (que le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a publiquement pressenti comme un possible Premier ministre d’un Sarkozy réélu) que celui tenté par la candidate du Front national. Plus personne ou presque dans la majorité ne semble croire encore aux chances de l’Elyséen de se succéder à lui-même. C’est si vrai que plusieurs ministres ayant appartenu à des gouvernements dits de droite ont déjà franchi le Rubicon. C’est le cas de l’écologiste Corinne Lévy-Lepage qui fut ministre du gouvernement Juppé, d’Azouz Begag et de Brigitte Girardin qui sévirent sous Villepin et surtout de la fondatrice de l’association féministe Ni putes ni soumises Fadela Amara que Sarkozy avait propulsée comme ministre dès son élection en 2002. Le voilà bien mal récompensé de cette ouverture à gauche. Amara retourne chez les socialistes, sa famille naturelle, comme le chien de l’Ecriture revient à son vomis. On sait par ailleurs que Jacques Chirac votera dès le premier tour pour Hollande, tout autant par haine à l’égard de son ancien ministre de l’Intérieur que par sympathie radical-socialiste envers l’homme qui lui a succédé à la présidence du conseil général de Corrèze. La plume de Chirac, Jean-Luc Barré, a en effet confirmé dans Le Parisien que le ci-devant maire de Paris se prononcera en faveur de l’ex-premier secrétaire du Parti socialiste. Issu de la gauche communiste (il vendait L’Humanité et a signé l’appel de Stockholm), Chirac revient à ses premières amours.
Cette année RIVAROL ne donne aucune consigne de vote et laisse une totale liberté d’appréciation à ses lecteurs. Chacun se déterminera en son âme et conscience. Les rivaroliens sont en effet assez grands pour savoir ce qu’ils ont à faire. Certains s’abstiendront (c’est ce que nous ferons à titre personnel aux deux tours du scrutin), d’autres voteront blanc ou nul, d’autres enfin, engageant leur seule responsabilité, voteront en faveur du candidat qui leur paraît le moins éloigné de leurs idées ou le plus apte à leurs yeux à assumer la magistrature suprême. Quel que soit le choix fait par les uns et par les autres, évitons de nous anathématiser, de nous excommunier réciproquement pour des questions purement électorales et donc tout à fait secondaires. De toute façon aucune révolution salvatrice ne sortira des urnes. Les dés sont pipés, le système est verrouillé, l’électoralisme est la tare et la sauvegarde du régime. De plus, les dix candidats en lice qui ont été présélectionnés (ce n’est pas un hasard que Poutou, Arthaud et Cheminade aient eu leurs signatures au contraire de Carl Lang !) sont tous pour la déesse laïcité, les valeurs de la République, le droit à l’avortement, le Pacs. Tous sont soumis au lobby gay et au lobby juif. L’affaire Vanneste et la mort de Raymond Samuel-Aubrac l’ont amplement montré. Si le Front national était resté fidèle à ce qu’il fut naguère nous l’aurions évidemment soutenu, fût-ce de manière critique, mais le Front mariniste n’a plus à rien à voir avec le FN canal historique que nous avons aimé, soutenu, servi avec sincérité et enthousiasme, même si en quarante ans d’existence force est de reconnaître qu’il n’a rien pu empêcher, ni l’invasion de notre pays, ni le démembrement de notre souveraineté, ni le délitement de notre civilisation. Une dernière preuve parmi tant d’autres de la triste mutation de ce parti : Marine Le Pen a exigé de Bruno Gollnisch qu’il retire immédiatement l’éloge de François Brigneau que ce dernier avait posté sur son blog à l’annonce de sa disparition. En revanche, la présidente du FN a rendu un vibrant hommage à Raymond Aubrac, « un grand homme et un grand résistant » tandis qu’elle compare l’islamisme à « un fascisme vert » (sic !)
Par fidélité à François Brigneau qui fut le plus talentueux journaliste de l’équipe fondatrice de RIVAROL, qui ne renia jamais aucune de ses convictions, qui n’était pas homme à mettre de l’eau dans son vin, il nous est impossible aujourd’hui de soutenir publiquement Mme Le Pen qui a abandonné les fondamentaux du nationalisme (renonciation au chèque scolaire qui permettait aux parents de choisir l’école de leurs enfants, refus de la pourtant nécessaire inversion des flux migratoires, abandon de la suppression de l’impôt sur le revenu et des droits de succession, fin d’une politique familiale et d’accueil de la vie, soumission au sionisme international, condamnation du révisionnisme, etc.). Appuyer sa candidature, ce serait cautionner ses purges, ses reniements, ses trahisons, son effrayant vide moral et doctrinal, les poursuites judiciaires qu’elle intente contre tous les nationalistes qui ne lui font pas allégeance. Chacun agira selon son bon vouloir mais pour notre part nous ne participerons pas à ce système frelaté dont rien de bon ne peut sortir. Restons résolument et plus que jamais nationalistes ! »