L’essentiel de l’entretien avec Thibaut de Chassey, paru dans l’hebdomadaire Rivarol (n°3012, du 9 septembre 2011). Source : renouveaufrancais.com
Quels sont les objectifs du Renouveau français et ses actions ?
L’activité du RF se partage entre formation et action.
Naturellement, la première est un préalable et un compagnon indispensables à toute action fructueuse. Au vu de la confusion intellectuelle que connaissent la France ainsi que parfois la « mouvance nationale », nous faisons d’importants efforts de formation tant au niveau des principes que de l’analyse politique. En ligne de mire : la création de cadres et de militants nationalistes bien formés sur les plans politique, éthique et humain.
Cette nouvelle génération de militants arrive et, avec le renfort des plus anciens qui nous ont rejoints et continuent de nous rejoindre, c’est un vrai motif d’espoir pour notre combat.
Côté « action », les activités militantes classiques côtoient l’utilisation des « nouvelles technologies » afin de faire connaître aux Français nos idées et analyses, de proposer un engagement concret à ceux qui veulent agir et ne plus subir, et enfin de défendre pied-à-pied ou reconquérir ce qui doit l’être par le biais de mobilisations efficaces.
Ajoutons que nous travaillons activement à mettre en place un réseau – pour ne pas dire une communauté – de Français partageant une même vision du monde et les mêmes aspirations. Aujourd’hui l’entraide en différents domaines, le soutien mutuel face à un Système hostile. Demain peut-être, des patriotes se serrant les coudes victorieusement dans des temps particulièrement difficiles.
Structuration, développement du mouvement nationaliste d’une part, préparation d’un état d’esprit favorable parmi la plus large partie possible de la population française d’autre part : telles sont les deux mamelles de la révolution dont la France a besoin.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre doctrine ?
Nous sommes tenants du réalisme, à tous les niveaux : nous voyons le monde tel qu’il est. D’où notre opposition irréductible aux élucubrations idéologiques telles que la conception multiraciale de la nation, ou encore la théorie dite du « gender ».
Notre nationalisme français (défense du bien commun national) est classique et sans concession, d’inspiration contre-révolutionnaire et catholique. Ces précisions lexicales sont utiles, du fait de la regrettable polysémie actuelle du terme « nationalisme ».
Un nationalisme conséquent ne saurait ainsi être compatible avec le républicanisme, la démocratie moderne, le libéralisme philosophique, le subjectivisme, les conceptions désincarnées de la nationalité, etc., ni faire l’impasse sur les questions de civilisation, de normes morales ou de référence spirituelle.
Concrètement, outre la nécessaire conquête de l’Etat, le combat nationaliste doit s’articuler aujourd’hui autour de quelques grand thèmes incontournables. Permettez-moi de les énumérer.
– Face à l’euro-mondialisme, le recouvrement de notre indépendance nationale, pour que les Français soient maîtres chez eux et que leur auguste nation ne soit plus une province de l’Union européenne ni une zone administrative du Gouvernement mondial ;
– Face à la décadence, la restauration de notre civilisation traditionnelle, franco-chrétienne, certes parfois exigeante mais correspondant finalement à notre nature humaine, loin des pseudo-modèles de bonheur modernes soutenus à coups d’antidépresseurs ;
– Face à l’exploitation, aux ravages et la domination de la Finance, l’instauration d’un ordre social et économique juste, au service du bien commun.
– Face aux impérialismes culturels et à l’invasion migratoire, la défense intransigeante de notre identité, notamment sur le plan ethnique.
N’oublions pas non plus, face au saccage de nos paysages, aux pollutions mortifères et à la bétonisation de notre Sol, d’opposer une saine écologie, qui soulignera d’ailleurs la nécessité de préserver la biodiversité, y compris humaine…
Avec la victoire de Marine Le Pen en janvier dernier, le camp national se trouve face à une configuration nouvelle. Ne peut-on craindre un émiettement et une division durable au sein de notre famille de pensée ?
Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle phase du processus de décomposition-recomposition de la « droite nationale », dont l’émiettement est une conséquence logique et, je l’espère, temporaire.
En termes d’effectifs, de cadres, de biens immobiliers, de réseaux humains et sociaux, de contre-pouvoirs locaux, culturels, médiatiques ou professionnels, et surtout d’évolutions idéologiques (qui sont généralement autant de régressions), la situation du camp « patriote » en général est bien piteuse, et appelle à une auto-critique sans concession.
En tant que nationalistes, nous repartons à zéro ou presque.
Voyons les choses du bon côté : ce peut être l’occasion pour notre mouvance de redémarrer sur des bases doctrinales et morales saines, solides.
Comment vous situez-vous dans le débat qui agite notre camp sur l’éventuelle sortie de la France de l’Union européenne et/ou de l’euro ?
Il serait incohérent de se dire nationaliste et d’envisager de rester dans l’UE comme dans l’euro.
La première nous a clairement asservis (rappelons que 80% des lois françaises viennent de ce monstre bureaucratique) et le second nous prive logiquement de toute politique monétaire propre, limitant grandement notre marge de manœuvre économique.
Peut-on aimer sa nation et supporter de la voir privée de liberté ? Peut-on y être attaché et accepter qu’elle soit dépourvue d’un symbole aussi élémentaire que sa monnaie ?
Ces simples considérations devraient à mon avis primer sur les perspectives économiques, qui importent aujourd’hui par-dessus tout à beaucoup de nos concitoyens, pris qu’ils sont dans la glue matérialiste ou effrayés par les perspectives de misère dont nous gratifie la République.
Ceci dit, je suis convaincu que la France a les moyens, aujourd’hui et si elle est correctement gouvernée, d’offrir sans les structures européistes une vie matérielle décente à l’ensemble de ses ressortissants.
A l’inverse de ce que nous serinent les médias, l’euro et l’UE sont facteurs de chômage et d’appauvrissement. Ils ont déjà fait beaucoup de dégâts économiques et sociaux, et ce n’est pas terminé.
Votre mouvement est parfois accusé d’être confessionnel et bourgeois. Que répondez-vous à ces critiques ? Sont-elles partiellement fondées ?
Je crains que ces critiques (assez rares toutefois) soient fondées… sur des sentiments mesquins !
Nous ne donnons pas dans la guerre des classes, selon nous incompatible avec le nationalisme.
S’il y a bien sûr des tendances localement variables, la composition sociale de nos effectifs est d’une grande diversité, et tous se fréquentent dans une excellente harmonie, unis par une même cause.
En revanche, la mentalité néfaste qu’on appelle « esprit bourgeois » s’accorde mal avec un militantisme nationaliste comme celui que nous menons et c’est pourquoi nous n’avons pas à la déplorer dans nos rangs.
Par ailleurs, nous ne sommes pas plus confessionnels que ne le furent presque toutes les Cités, et en particulier la nôtre, jusqu’à la funeste Révolution française.
Nous ne sommes pas un mouvement religieux, mais un mouvement politique, à but politique.
Cela étant posé, quand on veut creuser un peu la réflexion politique et ne pas se contenter de combats sectoriels (ce que certains devraient essayer), on en arrive à des questions d’ordre supérieur : qui est l’homme ? Quelle est sa finalité ? De quoi a-t-il besoin ? Quel est le but précis de l’Etat ? Les lois doivent-elles être en lien avec une morale ? Si oui, laquelle ?
Le président Salazar le disait pertinemment : « la politique est une philosophie en action ».
Nous faisons donc le choix de la philosophie classique, de la civilisation chrétienne, de la morale naturelle et catholique.
Etant donné le caractère essentiel et fondateur du catholicisme dans notre « roman national », il serait d’ailleurs saugrenu de nous reprocher cette référence.
Cela dit, on ne trouve pas chez nous que des catholiques même s’ils sont majoritaires (et parmi ces derniers le panel de « sensibilités » est relativement varié). Nous demandons simplement de ceux qui veulent nous rejoindre, un regard bienveillant sur la religion catholique, dans sa version traditionnelle bien sûr. Question de cohérence et de cohésion.
Nous avons bien conscience que le peuple n’est plus catholique actuellement, hormis une très petite minorité (trop souvent rétive à l’engagement politique). Or, nous nous adressons au peuple…
Comment voyez-vous l’avenir du camp national ?
Son état actuel, outre les problèmes de stratégie, s’explique plus profondément par nos lacunes et faiblesses.
La paresse intellectuelle, le dédain pour les idées, pour la doctrine, pour la cohérence (parfois coûteuse il est vrai), le relativisme moral ont, il faut bien le reconnaître, largement régné.
Et cette domination ne semble pas s’effriter, au contraire.
Finalement, ce sont les erreurs fondamentales de la Modernité qui ont contaminé ceux qui devraient la combattre : subjectivisme, relativisme, idéalisme, individualisme…
Partant de ces constats, on comprend que le remède consiste à prendre le contre-pied de ce qui a été fait en ces domaines.
Nous devons revenir aux idées et mener un combat pour elles d’abord, remontant aux sources, sans peur de la vérité et laissant de côté un chimérique « métissage doctrinal » qui voudrait conjuguer sur un mode hégélien le blanc et le noir, le oui et le non.
Il faut s’efforcer de pratiquer l’effort intellectuel, se former humblement, apprendre des vrais maîtres, identifier les principes sains et immuables et ne jamais les renier. Garder en tête les priorités et ce sur quoi on ne peut transiger.
Il importe de remettre à l’honneur le débat d’idées (que fuient d’ailleurs les politiciens), la prédication et la discussion.
Quitte à me répéter, il convient de subordonner les activités politiques à une doctrine fiable et ferme, sans bien sûr pour autant sombrer dans l’idéologie, le sectarisme, l’intellectualisme ou le refus des combats concrets et salissants…
Un outil comme Rivarol a donc bien sûr un rôle important à jouer dans le renouveau du camp national. Je ne doute pas qu’il le remplira efficacement sous la houlette de son directeur.
Je me réjouis du mépris de ce journal pour les modes, j’apprécie sa liberté de ton, encore étendue ces mois-ci, je le félicite de sa ténacité sexagénaire et suis admiratif de sa capacité d’indignation restée intacte.
Un mot de conclusion ?
Malgré les progrès des plans de nos ennemis, des signes d’espoir se font jour çà et là, et les circonstances ont, paradoxalement, rarement été si favorables à nos idées.
Le Système est un colosse aux pieds d’argile, ne progressant que par nos reculades, maniant la carotte (jeux, hédonisme, promesses matérialistes) et le bâton (flicage et répression) pour se maintenir en place. Mais il paiera le prix de son mépris des lois naturelles autant que du bon sens. Il est probablement déjà à la merci de graves événements d’ordres financier, économique, sécuritaire, ethnique ou encore écologique…
Il vacillera bientôt ; la carotte aura moisi et la main sera trop molle pour manier le bâton.
La majorité de nos compatriotes semblent comme plongés en léthargie, le crâne bourré à en exploser ou alors se sont laissés acheter, quand ils ne sont pas tout simplement trop lâches.
Mais les mentalités peuvent évoluer très vite devant la violence des faits, comme l’a maintes fois prouvé notre histoire.
Si Dieu le veut, les nationalistes, pour peu qu’ils soient organisés et déterminés, auront alors leur chance.
Mais avant de pouvoir appliquer à notre pays la grande révolution politique, sociale, économique et spirituelle dont il a besoin, il nous faut mener une profonde réforme intellectuelle et morale de notre propre camp, celui des patriotes.
C’est bien le moment de nous consacrer à cette tâche avec détermination, sérieux, foi et générosité !
fidèle lectrice de Rivarol je n’ai aucune intention de voter ailleurs que FN en 2012 mais sinon oui ,il faut respecter les tradi catholiques et je pense que Marine fait une erreur stratégique en les ignorant aussi maladroitement .
Excellent entretien !
Questions un peu bizarres et « vaches » pour certaines, mais l’ensemble est de haute qualité.
100 % d’accord avec tout ce que j’ai lu.
C’est encourageant. La relève est là.
Une section dans le 53 ?
Vous attendez quoi chers lecteurs pour vous abonner à « RIVAROL »? 🙂 pub gratuite! c’est le seul hebdo -et le plus ancien- qui nous reste, malgré les procès, les menaces! On ne vous demande pas d’être à 100% d’accord avec tout ce qui s’y écrit (quadrature du cercle!) car c’est plus qu’un journal, tout y est, y compris la culture (livres, ciné, art…) l’écologie (la vraie! pas l’escrologie!) rédigé en bon français, ce qui se fait rare!
RIVAROL a besoin de VOUS!
VOUS avez besoin de RIVAROL!
(Jérôme Bourbon, je suis bien placé pour un abonnement gratos? :-))
« …les nationalistes, pour peu qu’ils soient organisés et déterminés… »
Et c’est bien là où ça coince, les nationalistes n’ont pas été foutus de s’organiser en dehors du FN (machine électorale) comme une force de recours… 36 chapelles, 36 égos… On peut espérer un coup de pouce de la Providence, au point où on en est… 🙂
Je n’ai pas bien compris: veut-il ou non de nous (les tradis, le tout petit nombre!) ?
Bah il en veut ! 😀
C’est d’ailleurs la majorité des militants justement.
Mais le message du mouvement est destiné à la population française, pas seulement aux tradis, d’où un discours accessible.
@ ALIX :
« Nous faisons donc le choix de la philosophie classique, de la civilisation chrétienne, de la morale naturelle et catholique. »
« Cela dit, on ne trouve pas chez nous que des catholiques même s’ils sont majoritaires […] Nous demandons simplement de ceux qui veulent nous rejoindre, un regard bienveillant sur la religion catholique, dans sa version traditionnelle bien sûr. »
Cela m’a l’air clair non?
Thibaut de Chassey est d’ailleurs lui-même un fidèle de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Tout comme plus d’un militant parisien du RF, d’ailleurs.
@Braconix
Je suis dans le 53, ont est une dizaine.
@ Pierrot
Où puis-je vous contacter ?
envoi ton mail aux administrateurs de ce site en expliquant qu’on souhaite être mis en relation. Je fais de même de mon coté, ils devraient nous mettre en contact.