« Manuel Valls a semé l’effroi au sein de la gauche dite humaniste en déclarant que les Rroms avaient « vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie », qu’ils ne pouvaient “s’intégrer”. Disant cela, il ne faisait que reprendre des propos qu’il avait déjà tenus le 14 mars dans Le Figaro, où il disait : « L’insertion ne peut concerner qu’une minorité. Les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution ». 93 % des Français interrogés par BVA lui donnent raison, ce qui n’est pas une surprise puisqu’ils avaient déjà approuvé les mâles déclarations de l’UMP Christian Estrosi sur la question et n’avaient pas semblé particulièrement scandalisés par les propos du maire centriste de Cholet, Gilles Bourdouleix, selon lesquels « Hitler n’en aurait pas tué assez (de gens du voyage) », même si l’édile a contesté avoir prononcé cette phrase qui déclencha un concert d’indignations et des poursuites pénales immédiates — les media rappelèrent avec gourmandise que le fautif risquait jusqu’à cinq ans de prison ferme tandis que la formation à laquelle appartenait Bourdouleix et présidée par Borloo se joignit sur-le-champ à la meute ! —.
Cette fois-ci l’indignation est moins unanime mais nombre de camarades socialistes de Valls dont le premier secrétaire du parti et ci-devant président de Sos-Racisme Harlem Désir, mais aussi Arnaud Montebourg (quoique ce dernier ait depuis fait machine arrière sur ordre) ou Marisol Touraine ont publiquement pris leurs distances avec le ministre de l’Intérieur.
Daniel Cohn-Bendit évoque quant à lui un « discours idiot et dangereux », notant qu’ « il y a une soixantaine d’années, il y a des gens qui parlaient de la même façon des Rroms et des Juifs ». Décidément, on n’en sortira pas ! La très excitée Cécile Duflot s’est énervée lors des journées parlementaires des écologistes, à Angers, assénant : « On ne peut pas les stigmatiser ! » Encore ce mot magique “stigmatiser” ! Mais quand il s’agit des nationalistes et des catholiques opposés au “mariage” pour les invertis, là il est parfaitement permis et même recommandé de les stigmatiser voire de les violenter. Selon Duflot, Valls est « allé au-delà du pacte républicain » et la secrétaire nationale des Verts, par ailleurs ministre du gouvernement Ayrault (bravo la solidarité gouvernementale !), en a appelé au président de la République pour remettre le ministre dans le droit chemin. Ce qui ne fut pas le cas, Hollande, déjà très impopulaire, n’ayant aucun intérêt à désavouer son ministre le plus apprécié, qui plus est à quelques mois des élections. Quant à l’affreuse Viviane Reding, commissaire européenne à la justice, elle y est allée aussi de son petit couplet, exhortant, comme Amnesty International, la France à mettre fin aux « expulsion forcées ». Valls, qui se sait soutenu par l’opinion, n’est nullement revenu en arrière, déclarant même avec une certaine insolence : « Je n’ai rien à corriger, mes propos ne choquent que ceux qui ne connaissent pas le dossier ». On notera que ce n’est pas seulement la gauche et l’extrême gauche qui ont attaqué Valls, l’UMP Patrick Devedjian, ancien du mouvement d’extrême-droite Occident, ci-devant ministre de Fillon, a ainsi déclaré sur Beur FM : « La vraie politique, c’est de les intégrer (NDLR : les Rroms) un peu partout en Europe. Et une politique forte, forte, d’intégration, d’apprentissage, de scolarisation… Il faut leur donner du travail. Il faut leur donner un métier. » Ce qui en dit long sur l’imbécillité et la pleutrerie de ces politiciens dits de droite.
Toutefois ces propos de Valls ne doivent nullement nous leurrer. Il ne s’agit là que d’une posture dont sont friands les ministres de l’Intérieur sous la Ve République. Lorsqu’un pouvoir est impopulaire (ce qui est très fréquent tant les régimes ploutocratiques sont incapables de satisfaire les peuples qu’ils dirigent), le titulaire de la place Beauvau est là pour multiplier des déclarations énergiques de nature à rassurer et à enthousiasmer l’électorat. Et dans cet exercice la droite et la gauche du Système excellent. On se souvient de Pasqua qui, dans les gouvernements Chirac (1986-1988) et Balladur (1993-1995), multipliaient les coups de menton et les déclarations martiales avec son compère Robert Pandraud. On se souvient encore de son fameux : « Il faut terroriser les terroristes ». Sous le second mandat de Chirac le même rôle fut dévolu à Nicolas Sarkozy qui fut ministre de l’Intérieur pendant quasiment tout le quinquennat et qui, par ses propos véhéments (nettoyer les quartiers au Karcher, se débarrasser de la racaille) mais parfaitement prémédités et sachant l’effet qu’ils ne manqueraient pas de produire sur une population en ayant assez de la délinquance et de l’immigration massive, se construisit à peu de frais une stature de présidentiable et conquit ainsi l’Elysée en 2007 dès sa première tentative. Dans le gouvernement Jospin, Jean-Pierre Chevènement avait eu recours aux mêmes méthodes, toujours aussi efficaces. Il avait ainsi évoqué les “sauvageons” pour dénoncer les Jeunes souvent issus de l’immigration et multipliant les actes dits d’incivilité, en fait de violence caractérisée. Cette fermeté apparente à l’égard des voyous mais aussi envers les séparatistes corses lui permit de bénéficier lui aussi d’un fort coefficient de sympathie dans l’opinion, ce qui le conduisit à quitter le gouvernement et à se présenter à la présidentielle en 2002 face au Premier ministre sortant. »