Le directeur des poursuites publiques du Royaume – qu’on pourrait comparer au procureur général – a annoncé la publication de nouvelles directives sur la manière de traiter les plaintes pour viol, afin de modifier en profondeur le système légal pour correspondre à la situation du « XXIe siècle ». Il faudra désormais que les hommes accusés de viol parviennent à convaincre la police que leur victime était consentante pour éviter des poursuites : un renversement de la charge de la preuve qui se veut une réponse aux viols perpétrés par des hommes ayant autorité ou par l’abus de la situation d’incapacité de la victime à dire « non ».
Une loi d’exception avec renversement de la charge de la preuve : les hommes présumés coupables
A l’heure actuelle, les directives fournies à la police lui demandent d’agir en fonction d’un concept simple : « Non, c’est non. » S’il est donc prouvé que la femme a refusé des relations sexuelles, le viol est supposé constitué. Sous le nouveau régime, l’absence de « oui » sera interprété comme un refus, et il appartiendra à l’homme de prouver que la femme a consenti aux relations.
Nouvelles directives contre le viol
Alison Saunders, directeur des poursuites publiques, estime que ces nouveaux principes vont permettre de sanctionner les hommes qui auront profité de l’état d’ébriété d’une femme ou de sa terreur pour les violer en arguant qu’elles n’ont pas refusé leurs avances.
Les hommes accusés
C’est un « énorme pas en avant », assurent les groupes de défense des droits des femmes et militants contre le viol, qui ont apprécié l’explication de Mme Saunders selon laquelle il faut cesser de rendre les femmes responsables de ce qui leur est arrivé parce qu’elles se sont habillées de manière provocatrice ou parce qu’elles ont pris le risque de s’enivrer jusqu’à ne plus avoir conscience de ce qui leur arrive.
« Le consentement aux relations sexuelles ne relève pas d’une quelconque zone grise : la loi le définit précisément et il doit être donné librement et sans contrainte », a-t-elle déclaré. Trop boire n’est pas un crime ; violer une femme en profitant de ce qu’elle a trop bu en est un, a-t-elle ajouté, soulignant également que d’autre part bien des femmes ne résistent pas à leur violeur parce qu’elles sont terrorisées et pétrifiées.
Les femmes victimes, les hommes coupables
Les directives étendraient les nouveaux principes aux femmes qui ont des problèmes d’apprentissage, de santé mentale, celles qui dormaient ou étaient inconscientes au moment de l’attaque, mais aussi à celles qui seraient financièrement dépendantes de l’attaquant ou encore… mariées avec lui, puisque le viol fait partie des « violences domestiques ».
Comment prouver le consentement d’une femme en cas de procédure abusive ?
Au-delà de l’horreur absolue du viol pour une femme et de la nécessité de la protéger et de sanctionner le crime, toutes choses louables, cette nouvelle politique suscite tout de même des questions. On y voit d’abord une progression de l’idéologie féministe qui voit l’homme comme a priori coupable et la femme – classe opprimée – comme victime. Comment ensuite rapporter la preuve du consentement de la femme en cas de procédure abusive ? Les effets « pervers » de cette loi, voulus ou non, sont faciles à anticiper : procédures à charge contre les hommes, judiciarisation des rapports humains et fossé grandissant entre les hommes et les femmes.
On y voit aussi à quel point nos sociétés occidentales sont déboussolées : il n’est plus d’aucune façon permis de mettre en cause le comportement de femmes qui s’exposent, en même temps que le message incessant des médias et de la publicité serine que les relations sexuelles sont anodines, récréatives, et possibles sans restriction dès lors que les partenaires y consentent. C’est encore le meilleur moyen de promouvoir l’absence de respect de la femme qui se manifeste aussi bien dans le viol que dans la licence sexuelle – mais ce n’est pas à cet aspect des choses que l’on entend toucher !