Pour lutter contre le trucage des chiffres de la délinquance (voir ici), Cazeneuve nous propose une solution magique : le tout nouveau logiciel du ministère de l’Intérieur.
1) La version officielle :
Un nouvel outil statistique au ministère de l’Intérieur pour «créer les conditions de la transparence». Bernard Cazeneuve a présenté ce mercredi après-midi devant une commission des lois à l’Assemblée nationale le nouveau service de statistiques de la délinquance de la Place Beauvau qui a été officiellement installé il y a un mois, le 1er septembre dernier. Véritable «clé de voûte» de la réforme de l’outil statistique, ce nouveau service statistique du ministère (SSM), placé sous la surveillance de l’Insee, veut mettre fin aux polémiques droite/gauche sur les chiffres de la délinquance.
«Concrètement, les policiers n’ont plus à s’occuper des statistiques. Elles se font automatiquement au moment de l’enregistrement des plaintes».
2) La réalité du terrain :
Car même si, effectivement, l’enregistrement des plaintes et le calcul des chiffres a été simplifié, le policier sera toujours à l’origine de l’opération. «Il n’y aura pas un agent de l’Insee dans chaque commissariat», observe auprès de 20 Minutes Christophe Soullez, criminologue et responsable de l’ONDRP. Autrement dit, les policiers seront, comme avant, soumis aux directives de leur hiérarchie, elle-même comptable de l’autorité politique.
Même si Christophe Soullez note que «le nouveau logiciel n’autorise pas les mêmes marges d’erreur qu’auparavant», il fait toutefois remarquer que les policiers auront toujours la possibilité de décider de classer un dépôt de plainte en main courante. «C’est sans doute un plus. Mais ce n’est pas l’outil révolutionnaire qui était annoncé. Il limite mais n’empêche pas que les policiers soient assujettis à des objectifs chiffrés, donc manipulés», poursuit le criminologue.
Source : 20minutes