« Cette fois, c’est bien fini : après moult revirements et déclarations contradictoires, Macron a donc officiellement annoncé jeudi aux hauts cadres de la fonction publique réunis lors d’une « convention des manageurs de l’Etat » la suppression de la très prestigieuse Ecole nationale de l’administration créée en 1945 par le général De Gaulle, et son remplacement dès 2022 par un « Institut du Service public ». Une décision censée évidemment répondre aux nombreux contempteurs de cette école qui, non sans raison, lui reprochent sa déconnexion du peuple français, mais dont on aurait tort de croire qu’elle est seulement démagogique. Car, derrière la volonté affichée de produire des élites davantage au fait de la réalité quotidienne de nos compatriotes, l’objectif est d’abord et surtout de promouvoir la « diversité » dans les plus hautes sphères de l’administration et de l’Etat.
« Sélectionner des profils moins déterminés socialement »
Si les grands médias présentent aujourd’hui cette décision de Macron comme la conséquence directe de la crise des Gilets jaunes, celle-ci s’inscrit en réalité davantage dans le cadre de la vaste entreprise de substitution des élites françaises par des « jeunes » issus des minorités engagée depuis maintenant des années dans l’ensemble de nos grandes écoles. Entreprise qui puise elle-même sa source dans les écrits nauséabonds du marxiste Bourdieu qui, dès les années 60, dénonçait la « monopolisation » de ces prestigieux établissements par les « héritiers de la culture dominante ». D’ailleurs, le chef de l’Etat lui-même n’a guère tenté de cacher le but ultime de cette suppression puisque, annonçant par la même occasion son remplacement prochain par l’« Institut du Service public », celui-ci a largement insisté sur le fait que cette nouvelle école de formation des hauts fonctionnaires aura en priorité pour mission de… « sélectionner des profils moins déterminés socialement ». En clair : davantage de candidats issus de l’immigration et des banlieues ethniques.
« La France a besoin d’une élite »
Une volonté de promouvoir la « diversité » dans les plus hautes sphères de l’administration française qui était déjà présente dans le rapport que lui a remis Frédéric Thiriez en février 2020, mais que le président n’a, semble-t-il, pas osé suivre jusqu’au bout puisque, dans ses conclusions, le chef de la Mission d’information sur la haute fonction publique allait jusqu’à préconiser le recrutement des hauts fonctionnaires sur la base d’un concours remanié, appliquant notamment la discrimination positive à son entrée… Bref, quoi qu’il en soit, cette condamnation à mort de l’ENA n’a évidemment pas laissé indifférente l’opposition. Notamment à droite, où Bruno Retailleau a, à juste titre, assimilé la décision du chef de l’Etat à « la politique du bouc émissaire ». En effet, a expliqué le patron des sénateurs LR, en rappelant que la France avait « besoin d’une élite », « on supprime l’ENA pour ne pas avoir à réformer l’Etat. […] Le problème, ce n’est pas l’ENA. Le problème, c’est le politique qui doit diriger son administration ». »
de Franck Deletraz
sur Présent