Dans cette tribune pour Le Figaro, l’historien Maxime Tandonnet revient sur la suppression du concours d’entrée à Science Po. Il met en perspective l’intérêt pour l’école de maîtriser intégralement le processus recrutement des étudiants. Égalitarisme et conformisme idéologique. En revanche, l’auteur évite soigneusement d’aborder l’épineux sujet des quotas ethniques.
« La tendance est à l’œuvre depuis des décennies. Le déclin des enseignements de l’histoire, de la littérature, de la philosophie, des mathématiques remonte aux années 1980 et au triomphe du nivellement par le bas. Cependant, nous assistons en ce moment au paroxysme de cette évolution. Trois décisions récentes en témoignent: la réforme du bac, qui prendra la forme, pour l’essentiel, d’un contrôle continu suivi d’un grand oral ; la suppression annoncée de l’Ecole nationale d’administration, dont tout l’intérêt reposait sur un concours sélectif fondé sur des épreuves écrites et orales (un admis pour une centaine de candidats ayant eux-mêmes réussi les études, les examens et les concours les plus sélectifs) ; aujourd’hui, nous apprenons, par-dessus le marché, la suppression du concours d’entrée en première année de Science Po Paris.
Le succès de cette école, depuis la IIIe République – elle s’appelait alors l’Ecole libre des Sciences politiques – tenait pour l’essentiel à la sélectivité de son concours d’entrée fondée notamment sur une épreuve écrite d’histoire. La disparition de ce concours d’entrée signifie la fin de Science Po, dont il restera les murs, rue Saint Guillaume, un vague prestige lié à son histoire, mais qui achèvera de disparaître au sens d’une institution phare de sélection par le mérite et de formation des cadres de la République. »