Dans cette zone à la périphérie de Damas, l’armée syrienne et les milices chiites qui la soutiennent sont opposées à des groupes islamistes armés dont les revendications ne dépassent pas le cadre syrien. Des groupes djihadistes, à visée plus internationale, sont également de la partie, mais minoritaires.
Jaïch al-Islam, un groupe salafiste, principalement parrainé par l’Arabie Saoudite
La Ghouta est principalement occupée par deux organisations. L’Est est tenu par Jaïch al-Islam (l’Armée de l’islam, en arabe), l’Ouest par Faylaq al-Rahmane (la Légion du Tout Miséricordieux). Le premier groupe obéit à une inspiration salafiste, ce courant rigoriste de l’islam sunnite, qui se tient à une lecture strictement littérale du Coran.
Si le salafisme est protéiforme, il tend à converger vers le wahhabisme, une autre forme d’islam rigoriste, particulièrement développée en Arabie Saoudite. Créé dès le début de la guerre en 2011, Jaïch al-Islam est d’ailleurs principalement soutenu par l’Arabie Saoudite. Dans une moindre mesure, le groupe rebelle est aussi inspiré par une autre organisation de l’islam sunnite, les Frères musulmans, dont les deux grands parains régionaux sont le Qatar et la Turquie. «Jaïch al-Islam peut donc être considéré comme une organisation fréro-salafiste, même si Riyad a pris le dessus sur Doha», explique Frédéric Pichon, auteur de Syrie, une guerre pour rien . À la différence de groupes djihadistes comme al-Qaida ou l’État islamique, Jaïch al-Islam limite ses ambitions à la seule Syrie et ne s’inscrit pas dans une visée internationale.
Jaïch al-Islam n’a jamais appartenu à l’Armée syrienne libre (ASL), cette coalition regroupant au début de la guerre différents groupes rebelles plus modérés qui ont été très rapidement surpassés par d’autres plus radicaux. L’une des questions épineuses est celle du lien entre Jaïch al-Islam et les groupes djihadistes, comme le Front al-Nosra, qui fut la branche syrienne d’al-Qaida, avant d’abandonner – en tout cas officiellement – ce parrainage en 2016. Dans le conflit syrien, plusieurs groupes rebelles peuvent à la fois être concurrents, rivaux et alliés selon les régions. «L’Armée de l’islam coopère avec le Front al-Nosra, tant que ce dernier n’est pas important dans la Ghouta», explique ainsi le politologue libanais Ziad Majed dans L’Orient le Jour .
● Faylaq al-Rahmane, un groupe proche des Frères musulmans
L’ouest de la Ghouta est tenu quant à lui par Faylaq al-Rahmane, qui est aujourd’hui le principal groupe rebelle affilié à l’Armée syrienne libre. S’il s’agit bien d’un groupe islamiste, il est néanmoins plus modéré que les groupes salafistes comme Jaïch al-Islam ou djihadistes comme Al-Nosra. Parrainé par la Turquie et le Qatar, Faylaq al-Rahmane est proche des Frères musulmans. Dans la Ghouta orientale, de violents combats ont opposé en 2016 les deux principaux groupes, mais Jaïch al-Islam et Faylq al-Rahmane ont depuis conclu un cessez-le-feu.
● Une présence résiduelle de groupes djihadistes
À côté de ces deux principaux groupes rebelles, «il existe une présence résiduelle d’autres groupes salafistes, comme Ahrar al-Cham, et djihadistes», ajoute Frédéric Pichon. Pour le spécialiste de la Syrie, «les groupes djihadistes permettent à la Russie de justifier le maintien des opérations militaires puisque la trêve votée dans le cadre de la résolution ne concerne pas les groupes jugés les plus radicaux». C’est dans cet esprit que les principaux groupes rebelles ont annoncé mardi leur engagement à «évacuer les combattants de Hayat Tahrir al Cham, du Front al-Nosra et d’al-Qaida». Créé en janvier 2017, Hayat Tahrir al Cham (Organisation de Libération du Levant) est né de la fusion de cinq groupes djihadistes, dont le plus puissant, le Front al-Nosra, est l’ancienne branche syrienne d’al-Qaida. A l’instar de l’Etat islamique, ces groupes se caractérisent par leur ambition révolutionnaire d’étendre le djihad à l’ensemble de la planète, contrairement à Jaïch al-Islam, Faylaq al-Rahmane ou Ahrar al-Cham dont les prétentions ne dépassent pas les frontière syriennes.
● Les civils pris au piège dans la Ghouta
«Comme dans toutes les guerres urbaines, la question des civils est primordiale, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un champ de bataille, opposant deux armées», explique Frédéric Pichon. Début 2018, l’AFP évaluait les effectifs de Jaïch al-Islam à près de 10.000, ceux de Faylaq al-Rahmane à 8000. Même s’il y a très peu de photographies des rebelles au combat, le spécialiste de la Syrie se souvient d’une parade militaire dans la Ghouta en 2015: «Jaïch al-Islam avait fait défiler des chars, des blindés, des lance-roquettes, des pièces d’artillerie». Aujourd’hui, la guerre est principalement une guerre de tranchées. Les rebelles se terrent dans des tunnels qu’ils ont construits dans toute la Ghouta.
Fin 2015, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, déclarait ainsi à l’AFP que Jaïch al-Islam «avait placé des soldats du régime faits prisonniers et des civils alaouites dans des cages et les avait dispersés sur des places de la Ghouta orientale». «Les rebelles utilisent bien les civils comme bouclier», confirme Frédéric Pichon, qui rappelle que «si l’on observe les tactiques de guerre urbaine à Raqqa, à Alep ou à Mossoul, les QG et les centres de commandement se trouvaient dans les hôpitaux».
● La Ghouta, lieu d’influence ancien pour l’islamisme
La Ghouta signifie oasis en arabe. Grâce au fleuve, le Barada, qui la traverse, la région fut longtemps le verger de Damas. Mais «depuis trente ans, du fait d’un important exode rural, des populations sunnites pauvres se sont réfugiées dans la Ghouta, où s’est développé un urbanisme galopant et sauvage», raconte Frédéric Pichon. Le drame de la Ghouta permet ainsi de comprendre la dimension socio-économique de la guerre en Syrie. «Les populations pauvres de la Ghouta ont un compte à régler avec le centre de Damas. Elles ont été travaillées depuis longtemps par des organisations islamistes qui ont pris en charge de nombreux services publics, notamment les écoles. Ce ne sont ni des ruraux, ni des urbains, on est entre les deux. On est un peu dans la Syrie périphérique», conclut Frédéric Pichon, faisant allusion au concept de «France périphérique» du géographe Christophe Guilluy.
Source : Le Figaro
Tous ces groupes islamistes ont été formés et financés par
les états-unis ( CIA ), l’union européenne, via l’arabie saoudite et le qatar qui ne sont que les exécutants, autrement dit les marionnettes des puissances occidentales qui veulent renverser le régime de assad, afin de s’emparer des richesses pétrolières et gazière de la syrie