« Qu’importe que tu ne sois pas un justicier, si justice est faite, même par des assassins. Toi et moi, ne sommes rien. »
La pièce de Camus, « les justes » est jouée actuellement au théâtre de la Colline, dans le XXe arrondissement de Paris.
Cette tragédie philosophique aborde les questions de la justice, de la révolte et de la révolution, de l’amour et de la haine, du meurtre et de la mort avec une justesse étonnante, dans le contexte historique de la Russie de 1905. Quelques décennies après avoir tué Dieu, l’homme se retrouve face à lui-même.
Camus touche ainsi toutes les intelligences servant un idéal, et les aide, sans jugements, à réfléchir sur la justice humaine, allant jusqu’à ré-ouvrir la porte de la religion.
Mais samedi soir dernier, l’art et son contraire étaient dans la même salle. En effet, avant le lever du rideau qui allait offrir une magnifique représentation, « une performance artistique » fut imposée aux spectateurs : une dizaine d’hommes et de femmes, nus comme des vers, ont descendu les gradins, non par les allées -trop conventionnelles- mais par les sièges, se roulant comme des limaces sur les occupants des fauteuils… Le contraste entre le sujet spirituel de la pièce et ce scandale ridicule -bien entendu exempt d’explication- aurait dû secouer le bon sens et la pudeur naturelle du public, mais celui-ci, tel une masse sans fierté applaudissait bêtement. « C’est peut-être vraiment de l’art, dans le doute, ayons l’air d’avoir compris, applaudissons des deux pieds ! »
Christine Dol