Jacques Attali, ancien conseiller du président Mittérand, qui avait également l’oreille de Nicolas Sarkozy, a récemment déclaré sa haine de la civilisation chrétienne. En bon révolutionnaire, il veut faire table rase du passé français, et traduire cette émancipation par la mise en place d’un nouveau calendrier où les grandes fêtes chrétiennes qui structurent actuellement notre temps social, et au rythme desquelles vit la France depuis plus d’un millénaire, auraient disparu.
« Il convient désormais d’enlever de notre société laïque les derniers restes de ses désignations d’origine religieuse. Par exemple, les jours fériés ne devraient être que laïcs, tels le 1er janvier, le 1er Mai, le 14 juillet et le 11 novembre. Les autres, dont les noms conservent encore une connotation religieuse (la Toussaint, Noel, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption) devraient se voir attribuer des noms laïcs (« fête des enfants » pour Noel et « fête de la liberté » pour Pâques) ou être considérés comme des fêtes religieuses, que les citoyens pourraient choisir comme jours fériés, parmi d’autres jours fériés pour d’autres fêtes religieuses (Kippour, l’Aïd, l’anniversaire du Dalai Lama)« , exprime Attali sur son blog.
« Cette proposition n’est pas un caprice de laïc, soucieux d’affirmer une illusoire victoire sur le religieux. C’est une une mesure de salut public, qui rendrait à César ce qui est à César (…) La religion est une affaire privée« , poursuit-il.
La Révolution n’est pas seulement une négation du passé, elle est aussi une négation du réel : car il y a en l’homme une dimension spirituelle qu’elle veut occulter. Et au regard de l’histoire, pas une civilisation, dans le rapport à laquelle l’humanité cherche son achèvement, n’est pas pas marquée du sceau de la spiritualité. En France ainsi, le tissu social a été pénétré par le christianisme, ainsi qu’en témoigne le calendrier ou les clochers qui montent vers le Ciel.
L’articulation entre le domaine temporel et le domaine spirituel, qu’évoque Attali, est subtil. En accord avec les différentes dimensions qui habitent l’homme, ces deux domaines ne doivent ni être confondus, ni être séparés : ils doivent être distingués et ordonnés. Ainsi la religion ne saurait être un code civil ni une juridiction qui se substituerait au législateur : mais de ce qu’il existe des principes propres à la sphère politique, dont il faut en effet garantir l’autonomie, il ne s’ensuit pas qu’il n’existe pas des principes plus élevés auxquels elle doit demeurer subordonnée. C’est toute la leçon d’Antigone de Sophocle.
En bref, s’il faut certes rendre à César ce qui est à César, tout pouvoir venant d’en haut, il ne faut pas omettre que César lui-même est à Dieu…