Hervé Mariton, député UMP à l’assemblée nationale, a dénoncé hier un « coup d’Etat législatif » autour du vote du projet de loi autorisant le « mariage » homosexuel. Devant une foule de plusieurs milliers de personnes rassemblées à Lyon, il participait à une manifestation contre cette réforme.
Dénonçant le changement de calendrier pour l’examen du projet de loi en seconde lecture à l’Assemblée nationale, à partir de mercredi au lieu de fin mai, Hervé Mariton a crié : « Ils ont la trouille parce que personne ne veut de ce texte » !
Nous comprenons bien qu’il faille faire feu de tout bois pour éviter le passage de la loi. Et il est évident que la confiscation des institutions ou des processus légaux afin de faire passer la loi en force doit être clairement dénoncé. C’est chose faite, et monsieur Mariton y aura contribué. Il reste que cet argument ne se suffit pas à lui-même.
Car si le calendrier avait été respecté dans le processus du vote, monsieur Mariton aurait-il accepté le résultat des urnes ? A vouloir se placer exclusivement sur le terrain de la légalité, on court le risque de devoir s’incliner si le rapport de force devient défavorable dans l’enceinte de l’hémicycle. Sachant que la gauche a la majorité au parlement, le risque est important. A vouloir dénoncer les entorses au délai légal, sans évoquer les limites du cadre légal, on s’interdit également de sortir de ce cadre : on s’interdit donc de suggérer qu’il puisse exister un ordre plus haut et plus ultime que le l’ordre légal : celui de la légitimité. Alors qu’à cette aune, ce qui est légal et en bonne et due forme, peut s’avérer absolument dépourvu de valeur.
Ne pas dénoncer l’illégitimité, plus encore que l’illégalité, du processus en cours, c’est ne pas prendre la mesure de l’enjeu en présence : celui qui engage l’avenir d’une civilisation dans laquelle demain, peut être, l’enfant sera chosifié par la loi pour satisfaire les exigences idéologiques d’une minorité.