Samedi matin, dans la galerie commerciale de Carrefour Ecully, le magasin de chaussures San Marina a été le théâtre d’une scène bien révélatrice de ce qu’est devenue la société moderne, noyée dans le consumérisme. Le magasin avait cassé ses prix, soldes obligent ! Si bien qu’à 10 h, heure d’ouverture du magasin, plus d’une centaine de clients attendaient devant la vitrine. L’attente a rapidement tourné aux insultes, puis aux bousculades, chacun prétendant être arrivé avant l’autre et se disputant la première place pour entrer dans la boutique. 250 personnes qui en viennent presque aux mains ! A tel point que la police a dû intervenir pour disperser et calmer la foule ! Une scène à peine croyable.
Le magasin n’aura finalement pas ouvert ses portes de la journée. Honneur à lui, sachant que le chiffre d’affaire dont il se prive en cette période représente un manque à gagner non négligeable.
Mais enfin, cette situation n’est-elle pas aussi le symptôme d’une société malade et en perte de sens ? Dominée par l’économie, gouvernée par le marché, véritable facteur de dissolution qui porte à l’effacement des frontières et des repères éthiques, notre société sombre dans l’abîme, puits sans fonds dans lequel nos repères civilisationnels sont troqués contre les biens de consommation. L’homme ? Un producteur, ou encore un consommateur, selon le côté de la caisse où il se situe… Panem et circences, du pain et des jeux : voilà ce dont on abreuvait les hommes lors de la décadence de l’Empire romain, sollicitant leurs instincts les plus vils pour mieux les divertir, les distraire et détourner leur attention. Nous n’avons plus les jeux du cirque, mais nous avons la télévision et ses émissions débiles de divertissement, nous avons les soldes et les galeries de vêtements à tous les coins de rue… Pathétique.