Alice* était « la première à les défendre, à dire que leur vie n’est pas facile ». « Les », ce sont les migrants de Calais.
« Je les vois encore… Je crois que je suis encore sous le choc, je n’ai pas encore réalisé que j’ai eu de la chance. On se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres… » raconte cette jeune fille de 20 ans, qui a déposé plainte pour vol et agression sexuelle en réunion lundi matin.
Elle vient de rater le train qu’elle prend pour rejoindre l’Université, décide d’attendre le prochain en allant fumer une cigarette. « Il y avait des migrants en retrait, sur un carré d’herbe. Je ne faisais pas attention à eux. Ensuite, j’ai senti qu’on m’attrapait le bras, ils m’ont collée contre le mur. L’un a fouillé mon sac, il l’a vidé à terre. Un autre m’a attrapée à la gorge pour que je ne bouge pas et m’a touché le haut du corps. »
Avec pudeur, elle décrit des caresses au-dessus de ses vêtements, « des gestes brusques » puis ajoute que le troisième l’aurait touchée « à l’entrejambe. J’étais tétanisée, je ne savais pas quoi faire. Il a déboutonné mon jean et ensuite ils sont partis quand l’autre avait fini de fouiller mon sac. Ils m’ont volé l’argent liquide que j’avais et un paquet de cigarettes. Ils sont sortis du côté de l’hôtel Métropole… »
Elle appelle immédiatement sa mère, puis sa grand mère, prévient la SNCF mais aucune caméra n’est postée ailleurs que sur les voies… Elle est ensuite partie déposer plainte : « Je sais qu’ils ne sont pas allés très loin… Tout le monde me dit pourquoi tu n’as pas crié ? Mais je ne faisais que pleurer, j’avais tellement peur que ça dégénère. Il n’y avait personne sur les quais, les trains venaient de partir. Je ne sais plus quoi penser… »
Elle ne sait plus quoi penser, parce qu’elle croyait sans doute, elle aussi, au « vivre-ensemble »…