En plein débat sur le « mariage » homo, une proposition de loi vient d’être déposée par dix députés UMP, le 6 février dernier, afin de rendre le vote obligatoire en France.
Cette proposition de loi propose donc de sanctionner les abstentionnistes par une amende à hauteur de 15 euros, et même 45 euros en cas de récidive « dans les cinq ans« . Les députés UMP à l’origine de la proposition de loi prévoient tout de même des dérogations où les citoyens seraient alors exemptés de cette obligation de vote pourvu qu’ils puissent apporter la « preuve de son impossibilité par procuration« , ou en « cas de force majeure« . Cette proposition, quoiqu’issue de la droite parlementaire, compte déjà un solide soutien à gauche : Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, qui s’est déclarait personnellement favorable à l’obligation de voter dès 2012.
Une proposition de loi a un but, selon ses défenseurs : répondre à « la persistance de l’abstention à chaque scrutin« . Nous nous permettons néanmoins d’émettre des réserves sur la méthode qui consiste à rendre, par la contrainte, une démarche aimable et attractive. Curieux procédé. Il eût sans doute été préférable d’user du ressort de la pédagogie : si le vote est bon par nature, il appartient à l’homme public de manifester cette bonté et de susciter dans l’opinion l’attrait du vote. Ou comment changer la contrainte en liberté.
Les députés écrivent en outre : « Si le vote est un droit, il doit être également un devoir en l’honneur et en mémoire de celles et de ceux qui ont versé leur sang pour notre Patrie. » Cela n’est qu’une opinion, voire un dogme tel que l’idée est formulée, sans être davantage étayée. Peut-on contraindre les gens à être libres, si tenté que la liberté du citoyen soit suspendue à son droite de vote ? En attendant, ceux qui ont combattu en versant leur sang pour le régime actuel ont d’abord versé le sang des autres. L’histoire est têtue, comme les faits : il est parfois préférable de ne pas l’invoquer quand elle peut se retourner contre vous…
Le droit de vote est déjà obligatoire dans de nombreux pays, dont certains voisins : la Belgique, le Luxembourg, ou l’Autriche. Plus loin, l’Australie a adopté le principe en 1924. Si jamais cette loi devait passer, espérons que le vote obligatoire aura plus de valeur que le vote non obligatoire : le traité constitutionnel rejeté par les français et adopté par le parlement laisse un goût amer…