Cet article paru dans le Parisien en 2013 se lit différemment aujourd’hui, non ?
« Utile ou dangereux ? La communauté scientifique mondiale est en émoi depuis l’annonce, vendredi, dans la revue américaine Science, de la création d’un dangereux virus hybride par des biologistes chinois. Alors que la Chine se débat avec une nouvelle énième épidémie de grippe aviaire, une équipe de chercheurs de l’université agricole du Gansu a donné naissance à un nouveau virus, mélangeant des gènes de H5N1 et de H1N1.
Le premier, qui a contaminé 628 personnes depuis 2003, mortel dans 60% des cas, peut être transmis à l’homme par les oiseaux, mais pas d’humain à humain. Le H1N1, apparu au Mexique en 2009, n’est pas réputé plus mortel qu’une grippe ordinaire mais il est hautement contagieux. Il aurait infecté un cinquième de la population mondiale lors de la pandémie de cette année-là, tuant 18 000 personnes.
Le but de l’expérience n’est pas clair
L’hybride made in China a pris le pire des deux, avec cette caractéristique inquiétante : il se transmet très facilement entre deux cochons d’Inde, via les voies respiratoires. Par un simple éternuement, par exemple. Conclusion des chercheurs chinois : le redoutable H5N1 n’a besoin que d’une toute petite mutation pour devenir transmissible entre mammifères.
Fallait-il donner ce coup de pouce à la nature juste pour démontrer cela ? », grondent les spécialistes. La démonstration n’en vaut pas la chandelle au regard des risques. Une erreur de manipulation, une fuite, une mauvaise intention et un virus OGM de ce genre peut aisément « contaminer les gens, provoquer entre 100000 et 100 millions de morts », estime Simon Wain Hobson de l’Institut Pasteur. […] »