L’État français (« Vichy ») ayant naturellement adopté cette méthode française géniale, contrairement au régime précédent, elle sera injustement tenue loin de la lumière, ainsi que son créateur, par le régime suivant.
« Elève de l’Ecole navale en 1893, l’enseigne de vaisseau Georges Hébert a l’occasion de mettre à profit ses nombreuses croisières pour mesurer la valeur athlétique des gabiers et indigènes. « Quoi ! Ces corps magnifiques, souples, agiles, adroits, endurants, résistants, n’avaient pas eu d’autre maître de gymnastique que les nécessités de la vie dans la nature ? »
De cette illumination évoquée par A. Schlemmer naît la méthode naturelle d’éducation physique. Il s’agit d’« être fort pour être utile » et non de sacrifier à la religion moderne et réductrice du sport spectacle.
En 1902, il assiste à l’éruption d’un volcan qui tue 30 000 personnes. C’est là, dans des circonstances dramatiques, au milieu des scènes de panique qu’il se rend compte que seul les êtres forts physiquement mais également moralement sont capables de se rendre utiles.
Il écrira peu de temps après cette tragédie :
« Dès lors ma voie était tracée. Dans notre société pacifique et pervertie, peut être par excès de civilisation, il fallait recréer des êtres forts ».
Les principes bien assis, notre officier se consacre dès son retour en France à l’instruction des fusiliers marins de Lorient et jette sur le papier le fruit de son expérience avec le Guide pratique d’éducation physique en 1907-1908.
Le « Code de la force » (1911) dresse une échelle de performance, « la Culture virile par l’activité physique » (1913) résume les qualités maîtresses du caractère chez le conducteur d’hommes et l’éducateur.
Les neuf volumes de La Méthode naturelle parus sur trente ans constituent l’initiation sportive la plus complète du XXe siècle.
Marche, course, saut, défense, natation, quadrupédie, équilibrisme. technologie du mouvement, grimper, lancer, lever, tout s’organise minutieusement sous une plume claire et précise.
Si la Marine entière suit Georges Hébert en 1909, de nombreux pays se rallient également à ses conceptions à partir du Congrès mondial d’éducation physique de 1913.
Mais son amitié avec le docteur Carton et sa foi chrétienne ne lui attireront pas que des sympathies. Ses méthodes ne seront pas adoptées par l’armée de Terre.
1914, la guerre éclate : les fusiliers-marins sont envoyé à Dixmude, en Belgique, où Hébert mène sa compagnie à un rythme d’enfer. Tous les gradés sont formés à son image, accrocheurs, méprisants le danger et d’un courage qui tourne au fanatisme.
Où personne ne peut passer, la compagnie Hébert passera.
Mais le 19 octobre 1914, a la tête de sa compagnie de fusiliers-Marins, Hébert est grièvement blessé. Il reçoit 2 balles, une qui le laissera invalide du bras gauche, une autre à la poitrine qui est arrêtée par son carnet d’officier. Il restera plus d’une année à l’hôpital.
Le constat est fait que les troupes de marine, formées à sa méthode, savent marcher, courir, ramper, porter, lancer, progresser en quadrupédie, lever, passer en équilibre… avec de bien meilleurs résultats au combat que les autres troupes formées par la méthode officielle.
Aussi, bien que, non encore guéri, et invalide d’un bras, il est alors rappelé et chargé de l’entraînement des troupes d’assaut de l’ensemble des armées.
C’est donc un …marin…, invalide … qui se trouvera, en pleine guerre, chargé de former les fantassins…
Ses principes sont donc mis en œuvre et il crée, à cet effet, en 1916, un « parcours d’obstacles », mondialement connu aujourd’hui sous le nom de « Parcours du combattant ».
Après guerre, il se consacre à parfaire sa méthode. Malgré l’indifférence des pouvoirs publics, que Georges Hébert dénoncera régulièrement (considérant qu’il est du rôle de l’État d’enseigner, au même titre que l’éducation « intellectuelle », l’éducation physique à la jeunesse ), il est consulté, tant par des organismes et écoles publiques (pompiers, SNCF, EDF, police parisienne, etc) que privés (mouvements scouts, usines Michelin, Ecoles des Roches, etc) qui en font leur méthode au sein de leurs structures ou établissements.
Le gouvernement de Vichy adoptera la Méthode Naturelle de Hébert, qui devient alors la méthode nationale.
Peu avant sa mort, le 2 août 1957, le lieutenant de vaisseau Georges Hébert, victime d’une paralysie générale, força l’admiration de son entourage en réapprenant marche, parole et écriture.
La Méthode naturelle, traversant les modes, demeure vivante là où la formation « d’hommes » et l’utilité sont recherchées en priorité. L’armée de Terre, la Marine, les Pompiers, et d’une manière générale les corps d’élites (GIGN, etc ) utilisent la Méthode naturelle. Le « parcours Hébert » fait partie des bagages des mouvements scouts en France et à l’étranger.
De nombreux mouvements ont repris également tout ou partie des éléments de la Méthode naturelle comme base de leur pratique (Urban Challenge, Mov’ Nat, Parkour, Freerunning, Paléofitness…). »
Source Furia Francese