Un gouvernement d’union nationale n’a pas existé depuis la « Libération ». A la faveur de la crise que traverse actuellement le pays, l’idée d’un gouvernement d’union nationale fait cependant son chemin : il serait même aujourd’hui plébiscité par les Français selon une enquête d’opinion. Mais comme nous le savons, les élites sont toujours éloignées du peuple, et rejettent majoritairement cette éventualité. Est-elle d’ailleurs possible ? «Depuis la Révolution, l’adversaire politique est un ennemi, délégitimé», explique le politologue Alain Grunberg, sceptique sur la possibilité d’un rassemblement politique au gouvernement.
En effet, le problème ne procède pas simplement d’une mauvaise volonté partagée des hommes politiques à se réunir et à collaborer ensemble ; le problème est beaucoup plus profond que ça : il est structurel. Car ce sont les institutions républicaines elles-mêmes qui sécrètent naturellement des intérêts partisans, interdisant alors toute considération des intérêts supérieur du pays, du bien commun situé au dessus des partis politiques.
Alors que le régime se construit structurellement autour d’une opposition et d’un conflit entre les différents mouvements politiques, comment serait-il disposé ne fût-ce qu’à une entente de circonstance ? Tant que subsisteront des intérêts contradictoires, tant qu’ils seront nourris et voulus par le système, les exigences du bien commun ne seront pas objectivement reconnues. Pour cela, il faudrait que les circonstances permissent aux hommes de pouvoir de transcender leurs attachements partisans, et de leur préférer l’attachement à la France et à son intérêt.
De telles circonstances sont cependant exceptionnelles, et en dehors des lendemains de guerre, la France n’en a guère connues…