Selon un rapport publié mercredi par le Conseil de l’Europe, Hashim Thaçi (un ancien chef de l’UCK albanaise) a dirigé pendant la guerre du Kosovo, à la fin des années 1990, un trafic international d’organes prélevés sur des prisonniers serbes.
S’appuyant sur «de nombreux indices concrets et convergents », une autre enquête conclut que l’UCK a bien soumis des prisonniers «à des traitements inhumains et dégradants» et que «des organes auraient été prélevés» sur certains d’entre eux, destinés à un trafic international. Dans un document de 23 pages, Dick Marty détaille le processus. Selon les témoignages recueillis par sa mission, les prisonniers étaient emmenés dans une clinique en territoire albanais, près de Fushë-Krujë, à 20 km au nord de Tirana. Là, ils étaient tués d’une balle dans la tête avant d’être «opérés pour qu’un ou plusieurs organes leur soient prélevés». Il s’agissait principalement du prélèvement posthume de reins, qui étaient vendus à des cliniques privées étrangères.
Mais le rapport ne se contente pas de confirmer les crimes, il en désigne aussi les auteurs présumés. Et selon lui, l’organisateur de ce monstrueux trafic n’était autre que l’actuel premier ministre kosovar, Hashim Thaçi, arrivé en tête aux élections législatives de dimanche. Celui-ci et d’autres dirigeants de l’UCK «sont constamment qualifiés ‘d’acteurs clés’ dans les rapports des services de renseignement consacrés aux structures de type mafieux de la criminalité organisée du Kosovo», note le rapport. «Ces individus auraient été condamnés pour crimes graves, poursuit en outre le document, si leur impunité n’avait pas été assurée» : d’une part par l’élimination de témoin, d’autre part par «le manque de volonté politique de la communauté internationale de s’attaquer sérieusement aux anciens chefs de l’UCK». Pour Dick Marty, la volonté de «rétablir l’ordre au plus vite» dans une région en proie au chaos a en effet conduit les grandes puissances à «fermer les yeux sur les crimes de guerre commis» par l’UCK. Un soutien qui aurait donné à Hashim Thaçi «le sentiment d’être intouchable».
Source : Le Figaro