Justement, vous insistez beaucoup sur la «jeunesse» de l’Afrique. Pourquoi?
Parce qu’elle est capitale dans un continent où le «principe de séniorité», c’est-à-dire la prime de pouvoir et de prestige traditionnellement accordée aux aînés, surtout aux hommes, reste la ligne de fracture qui prive d’égalité les jeunes et, en particulier, les jeunes femmes. Or, aujourd’hui, au sud du Sahara, entre 40 et 45 % de la population a moins de… 15 ans! Sur une planète qui «grisonne», y compris en Asie et en Amérique latine, c’est l’exception mondiale. La jeunesse de l’Afrique est sans précédent historique. Tous les quinze ans, la moitié de la population subsaharienne se renouvelle. L’Afrique «ancestrale» est broyée par l’engrenage des générations qui «tournent» rapidement. Ses normes et ses valeurs ne sont plus transmises, faute de mentors. Les jeunes se «débrouillent», ils se réinventent.