Après les frappes américaines, françaises et britanniques contre le programme chimique syrien, les autorités russes ont indiqué qu’elles reverraient leur position au sujet de la livraison de systèmes de défense aérienne S-300 à la Syrie.
« Nous avions des engagements moraux, nous avions promis de ne pas le faire il y a environ 10 ans […] à la demande de nos partenaires que vous connaissez bien, et nous avons pris en compte leurs arguments selon lesquels cela pourrait déstabiliser la situation, bien que ce moyen soit purement défensif, mais néanmoins nous avons exaucé leurs demandes; à présent, nous n’avons plus cet engagement », a ainsi affirmé Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, lors d’un entretien donné à Sputnik.
Selon le journal russe Kommersant, Moscou et Damas signèrent, en 2010, un accord pour la livraison de ces systèmes de défense aérienne. Mais il ne fut pas appliqué en raison de « pressions israéliennes ». En réalité, le contrat, portant sur 6 batteries S-300 et 144 missiles intercepteurs, fut suspendu par le Kremlin en 2013.
« Nous avons un contrat de livraison de S-300, nous avons fourni certains composants, mais nous n’avons pas achevé nos livraisons, nous les avons pour l’instant suspendues », avait en effet expliqué le président Poutine, à la chaîne Perviy Kanal, en septembre 2013. Une décision identique avait été prise trois ans plus tôt, mais concernant l’Iran.
Or, depuis 2011, Israël tente d’empêcher tout transfert d’armes entre l’Iran et le Hezbollah libanais en Syrie. D’où les frappes aériennes dont il est régulièrement fait état. Le 9 avril dernière, l’une d’entre-elles a visé, pour la deuxième fois en quelques semaines, la base de Tiyas (ou T-4), connue pour abriter une unité iraniennes de drones.
Fait plutôt inhabituel, la Russie accusa Israël d’être à l’origine de cette frappe. Et le président Poutine, enfonça le clou en appelant le gouvernement israélien à « s’abstenir de toute action qui déstabiliserait encore plus la situation » en Syrie.
Or, depuis 2015, les forces russes et israéliennes ont conclu un accord pour s’informer mutuellement de leurs opérations militaires respectives en Syrie, l’idée étant d’éviter les « erreurs de calcul ». Évidemment, la livraison de systèmes S-300 au régime syrien risque de compliquer la tâche de Tsahal quand il s’agira pour l’État hébreu d’empêcher un transfert d’armes au Hezbollah ou bien de répondre à une éventuelle incursion d’un drone hostile (comme en février dernier).
D’où l’avertissement adressé le 24 avril par Avigdor Lierberman, le ministre israélien de la Défense. « Si des systèmes d’armes russes sont utilisés contre nous en Syrie, nous agirons contre eux » et « si quelqu’un tire sur nos avions, nous allons les détruire », a-t-il prévenu, dans un entretien donné au site d’informations Ynet. « Les Russes n’ont aucune raison de causer des frictions avec nous et nous non plus avec eux », a-t-il ajouté.
Cela étant, le journaliste israélien Ron Ben-Yishai, correspondant de guerre et spécialiste des questions de défense pour Ynet, a relativisé la menace des S-300.
Ce système a « déjà été vendu à plus de 20 pays dans le monde et ses composants technologiques et ses fréquences sont bien connus dans le monde entier », a-t-il estimé. « Ainsi, même si les Russes ‘ont amélioré au cours de ces dernières années, il a cessé d’être une menace insurmontable comme il y a dix ans », a-t-il ajouté, avant d’admettre que, toutefois, la « présence » du S-300 « entre les mains des Syriens exigera des mesures préventives » que l’aviation israélienne n’avait pas à prendre jusqu’à présent.
Source : OPEX360