Une colonne, accompagnée du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, chef du dispositif en tant que plus haut gradé sur place, libère les otages réfugiés notamment dans une chambre froide. Lakdim, lui, se retranche dans la salle des coffres prenant avec lui une hôtesse de caisse.
À 11h28, Beltrame propose au terroriste de se substituer à l’employée et pénètre à son tour dans la pièce. Initiative personnelle qui suscite un moment de tension à la cellule de crise activée à la direction générale de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Le lieutenant-colonel a pris soin au préalable de déboucler son ceinturon, déposant son pistolet Sig Sauer 9 mm à l’extérieur de la salle.
L’officier, qui ne porte aucun gilet pare-balles, a la présence d’esprit de laisser son téléphone portable allumé, ce qui permet d’obtenir une sonorisation de la pièce, en plus des moyens de surveillance déployés par les unités d’intervention. Pour sa part, Lakdim est armé d’un 7,65 mm d’un modèle ancien et assez peu répandu.
La négociation de crise, amorcée localement à 12h10, est maintenant gérée depuis Satory (Yvelines), quartier général du GIGN. Pour intervenir hors situation d’urgence, l’antenne locale doit obtenir l’aval de l’échelon national, qui a envoyé ses équipes réparties dans trois hélicoptères. Un psychologue participe aux discussions avec Lakdim. Les forces de l’ordre cherchent à gagner du temps et, espérant une reddition, font venir la mère et la sœur du terroriste devant le Super U. En vain…
À 13h10, Radouane Lakdim sort brièvement de la salle des coffres tenant son otage sous la menace de son arme et menace de « tout faire sauter ». Puis se retire, après avoir récupéré un chargeur de téléphone près des caisses. Le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie, ne veut pas laisser passer une nouvelle occasion de neutraliser le terroriste. C’est pourquoi il donne l’ordre aux tireurs de précision de profiter de la moindre opportunité.
Les hélicos du GIGN sont encore à plusieurs dizaines de minutes de vol de Trèbes lorsque tout bascule. À 14h16, le lieutenant-colonel Beltrame tente de désarmer le terroriste. Sur la bande, on entend confusément « Assaut assaut ! ». Puis trois coups de feu.
Selon nos informations, l’intervention menée par une colonne de neuf hommes, qui permet de neutraliser Radouane Lakdim, a lieu plus de dix minutes plus tard. Des sources concordantes indiquent pourtant que le rapport d’intervention transmis à la justice ne mentionne pas ce délai.
Source : Le Parisien